Hayao Myazaki est un virtuose de l'animation nippone que l'on ne présente plus. Ses films sont une ode à la poésie souvent mâtiné de fantastique.
Dans "le vent se lève", point de kamis dans les hautes futaies. Il s'agit du récit de la vie d'un brillant ingénieur aéronautique qui apporta une contribution plus que notable à l’essor de l'aviation japonaise.
La narration est lente, le réalisateur prend son temps pour installer ses protagonistes. Le film dépasse d'ailleurs les deux heures, format inhabituel pour l'auteur. Il nous plonge dans la première moitié du XXème siècle et nous revivons avec les personnages certains grands traumatisme vécus par l'archipel nippon : le tremblement de terre de Tokyo, la crise économique, l'entrée en guerre...
Le héros, enfant qui rêvait d'avions, est devenu ingénieur et il conçoit des modèles à l'avant-garde de la technique. Au cours des troubles occasionnés par le tremblement de terre, il rencontre une jeune fille qu'il retrouvera quelques années plus tard. Celle-ci deviendra sa femme. Une belle histoire d'amour teintée de stoïcisme typiquement japonais leur permettra de vivre pleinement leur amour en attendant l'inéluctable disparition de son aimée, terrassée par la maladie. C'est très beau et triste à la fois. La poésie tranquillement installée par le réalisateur enveloppe peu à peu le spectateur dans un doux coton mi-onirique, mi-réel.
Cette histoire de rêve d'avions ne serait pas aussi captivante si elle n'était accompagnée de ce dessin dont la perfection a fait la réputation d'Hayao Myazaki. Les personnages sont simples, efficaces, que ce soit dans leurs expressions ou dans leurs évolutions. On retrouve les traits archétypaux des protagonistes principaux dans la plupart des films du réalisateur.
Quant aux fonds illustrés, c'est comme à chaque fois un véritable ravissement pour les yeux. Les intérieurs, les bâtiments reflètent la lumière avec une maestria rare. La chaleur des intérieurs sur les cuivres, les tissus richement brodés, les bois patinés par le temps instaure une véritable ambiance très "cosy".
Les extérieurs, que ce soit la verdure des forêts ou les nuages dans le ciel m'étourdissent à chaque fois. Je suis en admiration devant la représentation des nuages de ces talentueux dessinateurs. Quels volumes, quelles couleurs, quel réalisme ! Les sous-bois sont magiques, comme cette source, lieu propice à la rêverie et aux rencontres intimistes, qui court le long d'un petit canal au creux des bois. La transparence de l'eau, la végétation variée sont une ode vibrante à la nature. On est comme à l'habitude totalement immergé dans la nature de l'archipel japonais.
Cette maîtrise des traits et des couleurs témoigne d'un savoir-faire exceptionnel qui, je l'espère, survivra à la retraite annoncée du maître.
Le vent se lève est un film atypique dans la filmographie de Myazaki. En dépit de sa différence et de l'absence de créatures mythologiques, il touchera au cœur par ces rêves d'enfants et cette délicate histoire d'amour.