Et emporte avec lui les vestiges du jour. Bonne nuit Mr Miyazaki.
J'ai beau aimer Hayao Miyazaki au point de le considérer comme un des plus grands réalisateurs du XXe siècle tous styles confondus, je me suis fermement ennuyé une bonne partie du film.
Abandonnant les univers féériques qui ont fait sa marque de fabrique des années durant (ceci dit peut être à raison, j'étais déjà presque descendu en marche de son château ambulant, dont l'univers tenait plus du salmigondis d'influences plus ou moins digérées que de l'univers cohérent auquel il nous avait habitué), mais qui explorait si bien par ce biais les préoccupations de l'humanité, pour se plonger dans une réalité plus tangible, le maitre nous propose une œuvre crépusculaire, presque désabusée sur son propre travail de création.
La généralité un peu banale sur les dix années de créations auxquelles les hommes sont limités faisant échos à ses propres turpitudes, cinéaste vieillissant incapable de raviver la flamme de son génie depuis le voyage de Chihiro.
D'un point de vue technique le travail de qualité est toujours là, même si par endroit l'animation se révèle presque défaillante, et si la musique d'Hisaishi est de bonne tenue, elle ne marque certainement pas au point de certaines autres de ses productions. On se retrouve tout de même devant un objet de très belle facture, bien au-dessus de la concurrence (ou ce qu'il en reste dans l'animation traditionnelle).
La où le bas blesse, c'est dans le propos : on sait que ce bon vieux Hayao a une fascination absolue pour l'aviation, mais quand dans Porco Rosso le résultat était admirable, on se retrouve ici face à une histoire assez fade, et chez Ghibli on a du s'en rendre compte puisque le film est entrecoupé de scènes de rêves assez lourdingues, résonances d'un passé révolu, celui où le studio produisait le château dans le ciel ou Porco Rosso.
On passera également sur la morale (?) concernant la vie de couple qui me laisse perplexe, et sauf finesse qui m'a échappé, assez épaisse concernant le sacrifice, le don de soi, et l'intérêt supérieur (de la nation ? de la passion ? du travail ?)
Du coup, sans que le résultat soit dramatique (nous sommes ici entre gens de bonne compagnie), il y a quand même une forte déception, une tristesse même, à voir Miyazaki terminer son immense carrière par une série de long-métrages oubliables, avec un point d'orgue carrément moyen avec le film sus-décrit.