Après avoir vu la quasi-totalité des productions du studio Ghibli, et la totalité des films de Hayao Miyazaki, aller voir ce qui est annoncé comme son dernier film procure à la fois un sentiment d'excitation et d'angoisse. La peur que ce ne soit pas à la hauteur des attentes extraordinaires placées en lui.
Et dès les 15 premières minutes, j'étais rassuré. Miyazaki est bien le maître du vent, personne ne sait faire vivre cet élément, le plus noble et le plus insaisissable comme lui. La séquence d'ouverture nous entraîne dans l'enfance de Jiro Horikoshi, sa rencontre onirique avec Caproni, ingénieur Italien, lui inspirant une vocation de concepteurs d'avions.
L'histoire peut ne sembler être qu'un prétexte pour explorer une dernière fois la passion de Miyazaki pour l'aviation (après Porco Rosso notamment), pourtant elle est bien plus que ça. Réel hommage, pamphlet antimilitariste ("les avions ne devraient jamais être utilisés pour faire la guerre"), et également la première vraie histoire d'amour portée à l'écran par ce réalisateur, Le Vent se Lève brasse de nombreux sujets, tout en gardant une poésie et une finesse rarement égalées.
Miyazaki aime ce qu'il fait et l'histoire qu'il raconte et cela se sent. Il joue avec le temps comme avec le vent, l'accélérant tantôt par ellipses, le ralentissant parfois pour nous faire prendre conscience de la beauté de l'instant. D'un tremblement de terre à un mariage traditionnel, d'un chapeau qui s'envole à un avion en papier, la vie rattrape Jiro en parallèle de son obsession pour les avions.
Enfin, comment ne pas souligner le travail à nouveau remarquable de Joe Hisaishi ? La musique accompagnant le film est sublime, articulée autour de trois thèmes principaux (Journey, Caproni, Naoko), accentuant encore la beauté et l'élégance de ce film.
Le Vent se Lève est le film le plus adulte, le plus mature de Hayao Miyazaki. Selon toute vraisemblance, ce devrait également être son dernier. Si cela est vrai, le plus grand génie de l'animation vient de tirer sa révérence, et de quelle manière. Arigatô, Miyazaki-sensei.