On peut parler de sobriété, voire de classicisme à propos de la mise de scène de Ken Loach dans ce "Vent se Lève", mais on ne fera que dissimuler le problème de fond du film : une sorte de déficit paradoxal de cinéma, qui fait que l'on reste curieusement "à l'extérieur" de ce qui a pourtant tout pour être une chronique bouleversante du naufrage d'un pays, d'abord écrasé par l'envahisseur méprisant (les meilleures scènes du film, dans sa première partie, réussissent à montrer le surgissement d'une révolte "de groupe" face à la hargne haineuse des Anglais), puis déchiré par des désaccords internes (la seconde partie du film, à la fois plus politique et plus confuse, qui échoue à nous faire vibrer réellement face au déchirement des deux frères devenus ennemis). Malgré un Cillian Murphy impressionnant de justesse et d'intensité, "le Vent se Lève" ne décolle pas vraiment de la base théorique, certes louable, sur laquelle il est construit.
[Critique écrite en 2006]