Lauréat de trois Césars 1976 (meilleur film, meilleur acteur et meilleure musique, ce que j'ai du mal à concevoir puisqu'elle n'en contient que deux...), et les années 70 représentant dans mon petit cœur un certain âge d'or du cinéma français, je considérais Le Vieux Fusil comme un film que j'allais adorer avant-même de l'avoir vu. Dans le mille.
On ne cite pas toujours Le Vieux Fusil, lorsqu'on évoque le Rape and Revenge, ce genre appartenant généralement au cinéma d'épouvante. Il en possède pourtant de nombreux attraits, mais parvient à concilier l'atrocité de certaines scènes avec une touche sensible que Noiret saisi à la perfection, rendant ainsi le film touchant en plus d'être haletant.
Clairement divisé en deux parties, Le Vieux Fusil devient particulièrement prenant durant la deuxième, le jeu du chat et de la souris avec les allemands étant assez jouissif puisque le personnage de Noiret joue à domicile. Des flashbacks surviennent alors, ralentissant le rythme, mais ajoutant une touche d'émotion.
Tous ces flashbacks sont un peu répétitifs, certes, mais ils consolident le déni dans lequel le personnage principal se réfugie à la fin du film. Les souvenirs heureux qui remontent ne font qu'imager la douleur profonde du personnage, et personnellement, je suis toujours touché quand je vois un Philippe Noiret attristé.
Le massacre conté a bien eu lieu, et il sert à la fois le côté dramatique et le côté thriller du film. Car si la première partie vise à présenter une famille joyeuse et parfaite, la seconde fait preuve d'un réel suspense. Tout tend à nous insuffler un désir de vengeance similaire à celui du personnage principal.
Comme dans tout Rape and Revenge, Le Vieux Fusil questionne finalement sur l'inanité de cette vengeance. Tout cela n'aura pas réanimé sa famille, et on ne peut même pas justifier les meurtres par une légitime défense, tant le personnage de Noiret maîtrise la division allemande ; on en tire tout de même une satisfaction, et bien que le film ne nous en accuse jamais explicitement, il montre avec les dernières scènes tournées avec Noiret que bien que les meurtres soient satisfaisants, ils restent vains.
Mélangeant habilement drame et suspense avec une bonne touche de pathos accompagnée d'une belle mais courte bande-son et appuyée par un casting formidable, Le Vieux Fusil a été une réussite commerciale à l'époque, mais tend peut-être trop à se faire oublier du grand public aujourd'hui. Un chef d’œuvre du drame français à (re)découvrir et à diffuser absolument.