"Le Village", film généralement incompris et parfois méprisé (trop lent, trop construit, trop cérébral... Comme si tout cela était un défaut à l'époque d'un cinéma de divertissement majoritairement creux et agité !), est un vrai film politique habillé en petit film fantastique, traduisant par des images simples et d'une beauté souvent saisissante des commentaires essentiels sur notre époque : l'angoisse devant un monde perçu comme sombrant dans la barbarie, le mensonge comme outil de gouvernement, la tentation du repli sur les valeurs du passé... Oui, le "Village" peut être vu comme une parabole ambiguë sur la société US, à la fois prisonnière et structurée par ses peurs : la peur de l'autre, qui lui fait préférer l'autarcie et l'enfermement, mais aussi la peur enfantine, irrationnelle, des créatures de contes de fée, codifiée avec des couleurs primaires. Oui, là où même un fan comme moi doit admettre que le bât blesse, c'est que Shyamalan passait pour la première fois, avec ce quatrième film, de la croyance à la crédulité, ce qui était nettement plus terre à terre, et que son impressionnante maîtrise de la mise en scène en devenait du coup assez dérisoire. On sait qu'à partir de là, tout a été de mal en pis pour Shyamalan...