Nicholas Ray aura certainement connu son heure de gloire dans La Fureur de Vivre. Il aura eu la chance, comme Elia Kazan, de diriger James Dean. Au delà d'avoir signé un film qui aura marqué plus d'une génération, c'est aussi un cinéaste intéressant qu'on prend plaisir à découvrir.
La Violent est un drame au multiple facettes, profond, noir et intensément interprété par Humphrey Bogart impérial de la première à la dernière scène. Dans ce rôle de scénariste star imprévisible et violent, Bogart excelle, impressionne, émerveille par sa justesse, son charisme et son habileté à dire des choses par un regard. Les jeux de lumières réalisés sur sa personne sont tout aussi brillants. Gloria Grahame est tout aussi magnifique dans le rôle de cette femme amoureuse atteignant les limites de l'amour pour un homme qu'elle admire. Un amour rempli de peur, de questions et de suspicions.
Au delà d'être une fresque sur le fait de vivre avec un hollywoodien ou avec une "star". Je vois surtout dans Le Violent un film sur le pouvoir de la suspicion. Sur l'effet que peut avoir un simple doute sur toute une relation. La vérité importe tellement peu finalement par rapport aux doutes, à l'idée fausse, au jugement et à la suspicion. Jamais Gloria Grahame n'aura la preuve d'une quelconque culpabilité, simplement des doutes, des recoupements, des suspicions, des avis, des accès de colère, des scènes...
Nous ne saurons jamais si Dixon Steele est innocent et sincèrement cela ne nous intéresse pas, mais nous saurons que le simple fait de penser qu'il soit coupable aura eu raison de son bonheur, du bonheur de sa voisine et de ses amis.
Bien plus qu'un portrait des us et coutumes des célébrités hollywoodienne, Le Violent est un drame fort et puissant sur la méfiance et la défiance.
Une leçon dramatique, un vrai drame noir et intelligent avec un Humphrey Bogart au sommet.
Brillant.