... Gone with the Wind!"
En règle générale je ne suis pas très sensible au jeu de Humphrey Bogart, toujours dans le même rôle du macho taciturne qui sait malgré tout se rendre irrésistible auprès de la gent féminine. Chose assez exceptionnelle ici il me semble, dans ce film noir dont la composante propre au genre (l'enquête policière autour d'un meurtre nimbé de mystère) est assez peu importante, il incarne un scénariste dont la violence très masculine est clairement décriée. Il y a ce petit côté de violent-mais-quand-même-victime, sans que cela n'affecte de manière dommageable le reste du discours entièrement porté par ce qu'endure le personnage de Gloria Grahame.
Le Violent (en version originale "In a Lonely Place" on insiste davantage sur la solitude de l'homme) appartient à ce courant cinématographique qui aimait s'auto-psychanalyser, comme Sunset Boulevard de Billy Wilder ou encore All About Eve de Joseph Mankiewicz (tous deux sortis la même année, 1950), ici au travers du personnage principal : Dixon Steele, un scénariste en proie à des crises de violence et accusé d'un meurtre que l'on sait, nous spectateurs, qu'il n'a pas commis. C'est l'enquête à son sujet qui le mettra en contact avec sa voisine témoin, point de départ d'une romance parmi les plus compliquées qui soient.
Tout le film est en réalité articulé autour de leur relation, sur laquelle plane invariablement la suspicion. L'écrivain est soupçonné d'assassinat, cela ne laisse pas indifférent, et jusqu'au bout son entourage doutera de son innocence. Clairement Bogart surjoue un peu le narquois et l'insensible face à un meurtre dont on l'accuse, mais on part vite dans une direction plus intime et plus douloureuse. La crise conjugale est pleine de dilemmes, avec en toile de fond un commentaire assez acerbe sur les mœurs en cours à Hollywood avec un scénariste, déjà peu calme par nature, sous pression. C'est un accès de colère particulièrement virulent, énième pulsion destructrice, qui détruira le couple, au moment où il était censé être innocenté.
La réplique la plus citée du film : "I was born when she kissed me. I died when she left me. I lived a few weeks while she loved me." Une autre plus drôle, de la part de l'agent : "What does it matter what I think? I'm the guy who tried to talk Selznick out of doing Gone with the Wind!".
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