Réalisateurs prolifiques des années 70/80, le tandem Arthur Rankin, Jr. et Jules Bass n'a pourtant jamais eu une reconnaissance grandiloquente. En France, ils n'ont sorti en salles que le sympathique La Dernière Licorne et un ou deux autres métrages à la télé ou en vidéo, à l'instar de ce Vol des Dragons diffusé sur les chaînes hertziennes en 1984. Adaptation de deux romans distincts, le film s'avère être un joyeux bordel scénaristique aussi enfantin que relativement agréable.
Du livre d'histoire naturelle spéculative "The Flight of the Dragons" de Peter Dickinson (inédit en France), les réalisateurs n'en gardent que les thématiques, notamment une explication scientifique de comment les créatures génèrent et crachent du feu. Le reste de l'histoire est une simplification du roman "Le Dragon et le Georges" de Gordon R. Dickson, où un assistant de prof d'histoire se retrouve projeté dans un univers de fantasy et transfère son esprit dans le corps d'un dragon. Ici, même topo, le protagoniste en question étant nommé Peter Dickinson en hommage au romancier tandis que la trame globale est simplifiée au rang d'éternelle lutte contre le bien et le mal avec une escouade de héros allant du preux chevalier à un loup, un elfe et une archère.
Avec l'animation parfois rudimentaire et les dialogues peu inspirés que l'on connait des réalisateurs du Hobbit, le long-métrage ne s'avère pas aussi dantesque qu'espéré, empruntant encore et toujours à Tolkien tout en proposant une aventure un brin mollassonne, la faute à des personnages aussi travaillés que finalement un tantinet apathiques. Le doublage n'aide pas non plus à s'attacher à ces protagonistes, la VO étant aussi mal dirigée que la VF, au casting vocal pourtant prestigieux dans les deux camps. Au final, Le Vol des Dragons reste un dessin animé dans son ensemble sympathique, parfois exaltant, parfois ringard, qui n'a pas forcément pris de l'âge mais garde en lui les faiblesses de la mise en scène poussiéreuse de Rankin/Bass Productions.