Produite par Alexander Korda, cette version du Voleur de Bagdad est considérée comme un sommet du merveilleux à l'écran, le film reçut 3 Oscars, pour la photo, les décors et les effets spéciaux, c'est une véritable fantaisie orientale, un fabuleux Orient vu par le cinéma, tout en carton-pâte, mais très soigné, et un véritable festival de couleurs, de trucages et de décors étonnants qui font illusion, utilisant tous les ingrédients qu'on verra ensuite dans plusieurs films du même style (tours de magie, garçon changé en chien, bon génie, tapis volant et méchant d'opérette). En même temps, c'est un petit chef-d'oeuvre du cinéma britannique.
Korda avait obtenu l'autorisation de Douglas Fairbanks d'utiliser le titre de sa version de 1924 (qui fut un de ses grands succès du muet), mais l'histoire est ici très différente, c'est une véritable aventure pleine de rebondissements et de magie, destinée à éblouir le spectateur de 1940 avec un Technicolor superbe et des trucages incroyablement kitsch vus aujourd'hui, ils sont datés et rudimentaires, mais très inventifs et plein de charme. On retient surtout les séquences avec le génie et celle avec l'araignée géante.
Le film mise aussi sur son interprétation : en repérages aux Indes en 1936, Korda avait dégoté le jeune Sabu (qui sera naturalisé plus tard Américain) pour sa production Elephant Boy, il campe ici le petit voleur malicieux qui lui va comme un gant ; pour le rôle du méchant Jaffar, Korda fit appel au grand acteur allemand du muet, Conrad Veidt (qui eut ensuite quelques contrats hollywoodiens), et pour le génie, c'est l'acteur noir Rex Ingram qui connut lui aussi le succès à l'époque du muet. Je n'avais pas revu ce film depuis très longtemps, et finalement, j'ai décidé d'augmenter ma note, car c'est un véritable enchantement.
Le film nécessita 2 ans de tournage, commencé dans les studios anglais de Denham, il fut interrompu par le début de la guerre, et terminé en 1940 aux Etats-Unis ; les extérieurs furent d'ailleurs tournés dans le désert d'Arizona, le Grand Canyon du Colorado et à Bryce Canyon. On compte aussi 2 autres versions sympathiques du Voleur de Bagdad, une version franco-italienne en 1960 avec Steve Reeves, et une version franco-britannique de 1978 avec Kabir Bedi, Peter Ustinov et Roddy McDowall, mais celle-ci reste très attachante par son aspect merveilleux des 1001 Nuits.