Film social qui rend compte avec brio de la vie des classes populaires urbaines dans l'Italie post-seconde guerre mondiale à travers une série de thème : le conflit entre valeur chrétienne d'honnêteté et nécessité de s'en sortir ; l'art de la débrouille ; la dignité de l'homme dans sa quête de survie ; la relation entre époux ; la religiosité populaire (avec les scènes splendides de la "voyante") ; le rôle de père et la construction de la masculinité du fils, le devoir d'exemplarité du père...
De Sica, refusant les décors construits et les acteurs professionnels, choisit plutôt des lieux réels et des personnes du peuple pour raconter son histoire, une décision qui imprègne le film d'un réalisme intense. Cette approche non conventionnelle ne se limite pas à un choix stylistique, mais devient un outil narratif puissant, où chaque visage, chaque rue et chaque geste contribuent à l'immersion du spectateur dans l'expérience vécue par les personnages.
Le noir et blanc est magistralement utilisé. Les contrastes et jeux d'ombres viennent accentuer la dualité des émotions, naviguant entre espoir et désespoir, lumière et obscurité, illustrant parfaitement la lutte incessante entre les aspirations personnelles et les réalités accablantes de la vie.
L'utilisation minimaliste de la musique, qui intervient avec parcimonie, s'aligne avec le souci de réalisme du film, soulignant les moments clés sans jamais détourner de l'authenticité des scènes. Cette retenue dans la partition musicale permet aux silences et aux sons de la ville de s'élever, ajoutant une couche supplémentaire de réalisme.
Le voleur de bicyclette qu'il cherche durant tout le film, il le devient à la fin, lorsque de guerre lasse, il se résout à enfourner un véhicule garé devant une porte d'immeuble.