Le voyage d'Arlow
Dernière production en date du couple Disney/Pixar, Le voyage d’Arlo bénéficie du soutien des fêtes de Noël pour gonfler de façon artificielle son nombre d’entrées. Comme le Beaujolais, le Call of...
le 26 déc. 2015
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La création d'un film n'est jamais un long fleuve tranquille. Si Pixar a, en effet, déjà connu de gros aléas dans ses productions ; celle de The Good Dinosaur est assurément qualifiable de summum des errances jamais subies par le studio. Chose inhabituelle, ces difficultés se sont vues à l'extérieur : et pour cause, elles ont eu des conséquences sur ses employés et sur le calendrier du film.
L'idée du film remonte à 2009 et revient à Bob Peterson. Il va tirer le thème de son premier film en solo (il avait déjà co-réalisé Up avec Pete Docter) de la Foire Internationale de New York de 1964 dont il se rappelle l'attraction de Walt Disney : Magic Skyway. Et si la météorite qui a tué les dinosaures n'avait pas heurté la Terre ? Et si les dinosaures n'avaient pas disparu et cohabitaient avec les humains ? A ces interrogations, il répond en postulat que les dinosaures resteraient toujours des dinosaures et qu'il était hors de question qu'ils portent des vêtements ou quoi que ce soit de civilisé tandis que la civilisation en serait, elle, à peu près au même niveau que celle des humains du Néolithique. Dans ce contexte, les herbivores seraient devenus des fermiers et les carnivores, des éleveurs.
L'histoire entre Spot, le petit humain, et Arlo, le long-cou, est donc déjà présente dans la première version du film même si sa thématique est à l'époque totalement différente de ce qu'elle sera à l'arrivée. Dans cette ébauche, Arlo est mal à l'aise au sein de sa famille et fait partie d'un groupe social bien plus grand que celui où il sera dans la version finale. Prévu à l'origine pour sortir en novembre 2013, il est repoussé dans un premier temps en mai 2014.
Lors de la D23 Expo 2013, la présentation du film, se fait sans Bob Peterson ! L'opus est ainsi présenté par la productrice Denise Ream. Cette absence éveille les soupçons. Les spécialistes spéculent alors sur un éventuel problème dans la production. Tout tourne autour du fait que le réalisateur n'arriverait pas à mettre en place le dernier acte du film. La crainte se confirme un mois plus tard, avec l'annonce d'un nouveau report en novembre 2015 mais surtout le départ du réalisateur Bob Peterson.
Peter Sohn est donc choisi pour reprendre le flambeau. C’est son premier long-métrage d’animation en tant que réalisateur. Il va devoir réécrire la totalité du script ! C'est la première fois dans l'histoire du studio qu'un film est décalé de la sorte ; précision faite qu'il est tout de même arrivé que certains opus soient carrément annulés très en amont de leurs sorties. Et ce n'est pas sans conséquence sur la vie du studio puisque 67 employés sont licenciés pour amortir les problèmes budgétaires et organisationnels. John Lasseter assume cette série de décisions difficiles en expliquant qu'il est absolument nécessaire de repousser le film pour qu'il soit le plus réussi possible.
L'histoire est totalement repensée. Le personnage d'Arlo est en effet rajeuni et son environnement se focalise désormais uniquement sur sa famille. Une des conséquences de ces ajustements est une révision totale du casting de doublage. La nature prend également une place bien plus importante que lors de la première version du film. Arlo, qui devait avoir trois frères, les voit fusionnés en un seul tandis qu'une sœur lui est rajoutée. L'apparence du film change aussi radicalement pour se concentrer sur des décors réalistes.
The Good Dinosaur finit par sortir en novembre 2015 « comme prévu ».
L'idée de départ voit un les aventures d’un garçon et de son animal de compagnie, mais avec un point de vue inversé. Le dinosaure est ainsi le garçon, et c'est lui qui a la capacité de parler tandis que le jeune humain est l'animal de compagnie et ne pousse que des grognements.
La vraie réussite du film est à rechercher dans la relation entre Arlo et Spot. Les deux personnages sont réellement attachants et leur amitié touche au cœur. Dans de nombreuses scènes, l'émotion est palpable et crédible. Une des plus belles séquences est assurément celle où les deux compagnons se racontent leur contexte familial ; les larmes des spectateurs sont alors dures à retenir ! La fin, également, est une parfaite réussite dans ce qu'elle est extrêmement poignante.
Arlo est donc un apatosaure, un long-cou, benjamin d'une famille de cultivateurs où chacun doit avoir sa place et travailler pour les autres. Malheureusement, il est un petit être frêle que tout effraie. La vie va bien vite lui jouer un sacré tour en l'éloignant malencontreusement de chez lui : il va alors tout faire pour retrouver les siens. Sa quête le fait grandir et lui permet d'affronter ses peurs. Sa rencontre avec Spot, un jeune humain, avec qui il se lie d'amitié, va changer sa vie. D'une fidélité sans borne, le petit homme met au service du dinosaure son agilité et son courage pour le sortir de situations plus inextricables les unes que les autres.
Si les scènes où Arlo et Spot sont réunis constituent les points forts du film, les rencontres qu'ils font tout au long de leur périple épices le récit. Grâce à des personnages secondaires plutôt comique et prenant le spectateur totalement à contrepied que ce soit pour les ptérodactyles contrebandiers ou les tyrannosaures éleveurs de bétails.
Au final, et en dehors de Arlo et Spot, seul un autre personnage prend une importance capitale dans le film : il s'agit de la nature elle-même, faune ou flore. Arlo au fil de son périple va, en effet, apprendre à vivre avec elle. En se nourrissant d'elle, en la combattant ou en la défendant, il va découvrir toutes ses merveilles cachées, plus belles les unes que les autres.
Le film offre un visuel époustouflant. Les paysages sont tout simplement magnifiques et le rendu hyper-réaliste est un régal pour les yeux. C’est indéniablement beau ! Une des plus grandes prouesses de l'opus est d'ailleurs assurément le rendu des nuages qui sont aussi vrais que natures. Entièrement volumétriques et non plus peints comme dans les précédents films des studios, ils ont ainsi la possibilité de bouger et subliment alors le côté réaliste des décors. Le visuel des décors est presque en contradiction avec l'apparence très cartoon des personnages. Le contraste obtenu entre les deux peut-être ainsi déstabilisant et demande un petit effort au spectateur pour s'y habituer. Les décors du film n'en restent, pour autant, pas moins d'une magnificence sans égale et sont d'ailleurs superbement soutenus par une musique émouvante à souhait, signée des frères Jeff Danna et Mychael Danna. Les deux compositeurs ont visiblement choisi de tirer des larmes aux spectateurs durant les moments d'émotion.
The Good Dinosaur est une fable émouvante, qui fluctue avec élégance entre animalité et humanité. Il évoque la différence, fantasme l’altruisme, choie l’amitié et surtout adule l’amour. Finalement, pourquoi ne pas se laisser aller à une rêverie d’un autre temps rappelant mes nombreux moments sur ma TV cathodique et mon magnétoscope avec la cassette de The Land Before Time. Pourquoi ne pas voyager avec Arlo au pays du grandir beau et du vivre superbe ?
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Créée
le 13 juin 2024
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