Le voyage d'Arlow
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La bande annonce de ce film, diffusé très tôt dans l'année, annonçait officiellement le come back de Pixar.
Mûrie, la société avait décidé de laisser tranquille ses franchises et de leur épargner les énièmes suites (comme on avait pu avoir avec intelligence pour Monstres et Cie 2, mais sans talent avec Cars 2).
Voilà donc un Pixar original, tout droit sorti du cerveau du boss Lasseter et donné à Peter Sohn, nouveau dans la réalisation de long métrage d'animation, mais pas si nouveau vu qu'il avait collaboré à l'élaboration de Ratatouille et de Monstres et Cie 2.
Et pourtant, si Pixar prouve sa capacité à refuser le recyclage, il reste dans ce film trop solidarisé à Disney qui semble ici avoir une influence tristement néfaste.
L'histoire de ce voyage d'Arlo ressemble à un Disney quelconque, simpliste : la famille, le voyage initiatique, l'émotion...
Avec la perte du père, on a même la fâcheuse impression de voir un Roi Lion en 3D et avec des dinos...
Le recyclage est donc bien là, insidieux. On sait tout de l'histoire avant même que le film ait entamé sa seconde moitié, on devine tout à l'avance tant l'intrigue sombre dans la facilité et le larmoyant.
Et chose étrange, le film est peuplé de personnages secondaires déroutants par leur absurdité. Comme par exemple ce méchant complètement WTF, qui est méchant sans savoir pourquoi (par ce qu'il en fallait un surement) ou encore cet absurde dinosaure collectionneur de petits animaux qui délivre une scène si bizarre qu'on se demande ce qu'elle fout là. En plus c'est Eric Cantona qui prête sa voix donc bon...
Enfin l'humour est très peu présent ; Disney livre ici un film à l'ambition plus épique et émouvante. Le seul humour qu'on y trouve est un comique de situation que l'on réservera aux plus petits d'entre nous.
Mais l'on ne peut résumer Le Voyage d'Arlo à cette liste de défaut qui le ferait facilement passer pour un mauvais film. Car s'il est loin d'être le meilleur Pixar, il est tout aussi loin d'être mauvais.
On pensait l'animation au maximum de ses capacités. Mais Arlo repousse encore les limites et prouve que l'animation 3D n'a pas dit son dernier mot.
L'image est si parfaite et magnifique qu'elle semble tout simplement être un film. On en prend littéralement plein les yeux, d'autant plus que les animateurs nous ont gâté ; ils nous proposent ici une planète Terre immaculée, privée de ses humains, et donc préservée de leurs méfaits. La perfection des textures et leur rendu quasi photographique sont pourtant troublés par les personnages que les concepteurs ont voulu volontairement lisses, ronds, gentils et sans formes. A mon sens c'est une erreur ; ils font tâche dans le paysage et leur gentillesse plastique agace un peu. Un peu d'angles aigus ne feraient pas de mal tout de même !
Heureusement, de la dureté, le film en contient. C'est surement le Disney le plus adulte et dur qui ait été fait jusque là. Plongé dans une nature magnifique mais hostile, Arlo doit faire face à la sauvagerie d'un monde où lutter promet la survie. Il faut donc tuer pour se nourrir, tuer pour se défendre. La mort est très présente, et cela ajoute du piquant à ce scénario trop sage et mièvre.
Une musique simple mais jolie vient ainsi souligner de beaux moments épiques que ce genre de paysages permettent.
Mais là où j'ai eu le plus de plaisir dans le film, c'est dans l'intelligence delivrée pour l'anthropomorphisme que propose le film. Dans tous les Disney, les animaux parlent. C'est acquis mais jamais justifié (et le prochain Disney, Zootropie, qui sortira en Février 2016, même s'il promet d'être hilarant, ne dérogera pas à la règle).
Or ici les scénaristes ont fait preuve d'une véritable inventivité. S'ils n'exploitent malheureusement jamais le postulat hilarant qui sert de prologue au film, ils assument le parti pris d'une Terre où les humains seraient réduits aux animaux et les dinos joueraient les hommes. Agriculteurs, bâtisseurs, parlant et en famille, ces dinos sont les nouveaux humains. Et lorsqu' Arlo est rejoint par ce qui est pour nous un petit garçon, c'est en fait un chien/loup. Flair aiguisé, absence de langage, haletant et langue pendante, c'est un véritable canidé qui remplace ici l'"animal politique" que décrit Aristote. C'est rigolo et vraiment malin.
Ces qualités, majeures, permettent un sauvetage du film qui, s'il est une claque visuelle, reste néanmoins un Pixar mineur.
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Créée
le 30 déc. 2015
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