Pour comprendre le succès qu'a rencontré Georges Meliès, il faut comprendre ce qu'était le cinéma, la vidéo, l'image mobile à ses débuts, pour les gens qui la voyaient.
On a beaucoup dit la fascination qu'ont suscité les films lorsque le 7ème art était un embryon, lorsque le cinéma naissait. Il s'agit d'ailleurs d'une fascination on ne peut plus compréhensible : soudain, la vie, comme captée par un appareil technique, semblait surgir sous les yeux des gens qui les regardaient !...
On comprend qu'à l'époque, il y ait eu fascination pour cette image qui semblait magique. On comprend que l'image mobile elle-même conférait au film toute sa valeur, que le fait même que le film soit film lui donnait une aura magique, ce qui a permis à Méliès de réaliser "Le Voyage dans la Lune".
Mais c'était une autre époque. "Hier est un autre jour", pourrait-on dire en parodiant une expression bien connue.
Et, s'il y a des œuvres anciennes qui survivent au temps et restent intemporels, ce n'est pas le cas de toute œuvre.
"Le Voyage dans la Lune" a le malheur de faire partie de ces œuvres qui ne survivent pas au temps.
On ne peut qu'être frappé par le peu de crédibilité de l'histoire et la mauvaise qualité des effets spéciaux : comment croire un seul instant à cet engin qui va sur la Lune et qui la défigure ? Comment croire un seul instant à ces effets spéciaux peu crédibles, à ces costumes fantasques, à ces décors d'opérette ?
Pourtant, il reste quelque chose au film de Méliès, quelque chose que le temps ne lui enlèvera pas : une certaine naïveté onirique, dans l'imagination, dans la représentation même de la Lune.
Et c'est pour ça que j'ai bien aimé ce film. Car j'aime bien aimé "Le Voyage dans la Lune". Je lui reconnais des défauts, mais pour l'essentiel, j'ai bien aimé ou plutôt, je n'ai pas détesté.
Il y a dans ce film désuet une certaine magie qui, elle, n'est pas tombée en désuétude.