Ce Ghibli, j’en avais de vagues souvenirs datants de mon enfance, des souvenirs plutôt douloureux d’une histoire triste, lugubre.
Il fallait donc que je le revisionne afin de me faire un avis plus mature, comprendre certains éléments qu’un enfant ne peut percevoir, car c’est ici qu’est la magie des studios Ghibli. Plaire aux enfants tout en émerveillant les adultes et c’est le cas.
Il s’agit là d’un univers qui nous transperce, des dessins magnifiques, des musiques à la hauteur des émotions provoquées pendant ces 2h05 de long métrage. Hayao Miyazaki nous transporte avec lui dans son imagination, nous y sommes absorbés.
Dès le début, chihiro est en voiture avec ses parents, tout semble calme mais nous pressentons qu’il va se produire quelque chose.
Ce sentiment se poursuit lorsque la famille se retrouve à l’entrée de ce parc fantôme, et est comme poussée par un vent dans leur dos.
Chihiro ne pouvait pas éviter son périple qui la plongera dans l’horreur.
Alors oui c’est vrai, son voyage s’annonce terrible, elle se demandera tout le long où sont ses parents, s’ils sont toujours en vie.
Mais la beauté de ce film d’animation n’est pas ici. Le développement des personnages est d’une justesse sans failles ; sous ses airs renvoyant une image de fragilité cette petite fille s’avère être une vraie combattante et le démontre jusqu’à la fin avec une maturité élevée pour une enfant, Miyazaki la place au statut d’héroïne.
Yubaba cette sorcière aux abord terrible se laisse attendrir par Chihiro et son bébé chéri, Chihiro fini même par appeler Yubaba « Grand-mère ».
Ce monde qui se laisse gagner par les esprits, l’obscurité s’avère être un endroit comme un autre, où les habitants ont malgré leur apparence des sentiments. Et cette petite fille s’attache petit à petit à son nouvel univers qui l’a pourtant effrayé à son arrivée.
Elle a même un petit du mal à dire au revoir à ses nouveaux amis lorsqu’elle retrouve ses parents et nous pouvons comprendre de manière quasiment tangible cette sensation qui tiraille Chihiro. Nous nous demandons alors, va-t-elle y retourner ?
Ce film fait aussi appel à de nombreux éléments culturels ancrés au Japon et Hayao Miyazaki semble en faire une critique.
Les Onsen sont courants au Japon, synonyme de détente et de moment convivial.
L’excellence exigée du travail parfois néfaste y est aussi représenté avec ces animaux en quelque sorte esclave de Yubaba, la symbolique de l’animal est donc une manière de montrer cela, ils sont pris pour des animaux, comme dans certaines entreprises japonaises.
Le sans visage lui fait référence à la société de consommation, le monde est à nos pieds avec de l’or, et il est frustré de n’avoir aucun pouvoir sur Chihiro qui rejette ses cadeaux, les autres qui ont succombé à l’avarice se retrouvent dévorés par ce monstre qu’est la consommation à outrance.
Cette idée est aussi montrée avec l’esprit putride de la rivière, il est rejeté en premier lieu car il sent vraiment mauvais, mais lorsque les détritus lui sont retirés, un être magnifique en sort. C’est ici un moyen de montrer que nous sommes dégoutés par une pollution que nous provoquons à cause de nos désirs grandissants.
Et pour finir le plus important au Japon, le respect !
On ne vole pas de nourriture, on ne vole pas tout court, c’est pour cette raison que ses parents sont transformés en porcs, ce sont des porcs dénués de bonnes manières, d’une quelconque forme de respect qui est pourtant primordial pour la société japonaise…
Je m’arrête ici car nous pourrions en trouver à foison tant le fond de l’animation est riche. Bien plus riche que le sans visage.
Il s’agit là d’un quasi sans fautes pour ce chef d’œuvre plein de mystères, d’émotions, de beauté, de références, de critiques de la société.