Le Voyage des comédiens par MisterLynch

J'ai découvert il y a peu ce cinéaste phare de la Grèce et plutôt plébiscité. Mais j'en viens à penser que ce n'est pas tant l'homme qui me pose problème mais tout simplement son style de cinéma qui ne me parle pas. Avec Le Regard d'Ulysse, un arrière-goût demeurait après une projection intéressante mais entachée de choix qui ne me sont pas parus judicieux. Pour moi, le cinéma est avant tout le théâtre d'expression des acteurs afin qu'ils vivent au lieu de meubler un décor. Un acteur se doit d'avoir une présence. Alors, entendons nous bien que des exceptions existent comme le documentaire qui est aussi du cinéma. Hors nous ne sommes pas dans ce cas de figure et cette distanciation de la caméra avec les protagonistes n'est pas un procédé qui me séduit. Dans Le Regard d'Ulysse, il y avait la présence magnétique de Harvey Keitel qui tenait la trame sur ses épaules. Ici, aucune personnalité ne se démarque et pire encore n'existe pas réellement.

Ils sont tous quelconques, jamais ne s'illustrent dans des circonstances données. Nous ne nous attachons pas à eux car ils ne sont pas là. Exit les gros plans et les plans rapprochés qui ne sont cantonnés qu'à quelques monologues face caméra. Tout est vu de loin. Ca passe quand nous sommes plongés dans les prémisses du Septième Art car ces techniques n'existaient tout simplement pas mais en 1975, j'ai du mal à être convaincu. A ce désintérêt se conjuguent deux autres problématiques et pas des moindres : un scénario difficilement pénétrable sans colonne dorsale définie et une durée bien trop longue pour ce que ça a à raconter. C'est tout le challenge des films à longue durée qui est de justifier cet étirement temporel. Soit ça passe, soit ça casse et pour Le Voyage des Comédiens, ça casse. J'avais déjà fait avec parcimonie cette reproche au Regard d'Ulysse, ici ce fut pire encore.

Mais comme j'ai dit avant, je pense que Théo Angelopoulos n'est tout simplement pas fait pour moi. C'est un syndrome dont on est atteint chaque cinéphile qui est de ne pas accrocher à ce qu'un artisan fabrique.