Après une première adaptation de triste mémoire en 1967 et un reboot plus humoristique en 1998, suivi de près par une séquelle et des spin-offs en DTV, le Docteur Dolittle revient sur les écrans pour une nouvelle aventure sous les traits désormais du ultra-méga-bankable Robert Downey Jr., coltiné aux sagas depuis Iron Man et Sherlock Holmes. On était alors en attente d'un nouveau jeu pour l'acteur américain, quelque chose de surprenant où il ne se contentait pas de resservir ses frasques habituelles et ses yeux continuellement hagards. On espérait un reboot grandiloquent vu son casting (notamment vocal) et son budget important. On était en droit d'avoir une aventure envolée capable de nous faire oublier les précédentes moutures. Perdu...
Écrite et réalisée par l'improbable Stephen Gaghan (auteur de Traffic, Syriana et Gold, c'est dire si le changement de registre est impressionnant), cette nouvelle adaptation revient donc aux sources en remettant notre docteur dans cette bonne vieille Angleterre Victorienne, reclus de la société et entouré de ses plus fidèles animaux, comme dans les romans. L'intrigue est quant à elle inédite et notre véto va devoir parcourir les mers et affrontez moult dangers afin de ramener une plante capable de guérir la Reine d'Angleterre. Rien de très original là-dedans mais le format familial est respecté et nous embarquons donc pour une aventure terriblement mollassonne, dénuée d'epicness et d'humour adéquat : trop vulgaire pour les enfants, trop niais pour les adultes, les réécritures multiples et autres reshoots (après des premières projections-test désastreuses) n'arriveront hélas pas à sauver le film.
Robert Downey Jr. semble s'ennuyer ferme, visage constamment fermé et implication bas de gamme... Comme éreinté de son aventure Marvel, il ressert une variante opportuniste de son Sherlock Holmes face à un Michael Sheen cabotin comme jamais (mais agréablement détestable) et un Antonio Banderas encore plus ridicule que dans Bob l’Éponge 2 dans lequel il incarnait déjà un pirate mal fagoté. Les animaux en CGI ne sont quant à eux pas bien exploités et hormis un sage perroquet, un gorille trouillard et une libellule au langage d'jeunz, aucun des autres personnages à quatre pattes ne prêtera à sourire (ils ont quand même osé ressortir le tigre dépressif du film de 1998 et une fourmi mafieuse, à l'instar du castor dans celui de 2001).
Réécrit par Chris McKay (Lego Batman) puis par Seth Rogen et Brendan O'Brien (Nos pires voisins), complété par des reshoots supervisés par Jonathan Liebesman (Ninja Turtles) et franchement pas glorieux comme une grosse séquence bien scato des bonnes familles et un scénario tenant quasiment sur un post-it, le long-métrage ne s'avère absolument pas maîtrisé et n'amuse jamais. Pas une once de folie ne semble ressortir de ce reboot paresseux, franchement moche et pas très exaltant, qui inquiète quant aux choix artistiques de ce pauvre Robert Downey Jr. ainsi que ceux de Stephen Gaghan (on croirait vraiment que le film est réalisé par Raja Gosnell). L'exemple-typique du film familial moderne qui commence déjà à prendre des rides.