Documentaire à la fois merveilleux et intéressant sur l’histoire de la restauration du Voyage dans la Lune, de Georges Méliès en 1902, dont l’époustouflant résultat mérite sans doute ce court spectacle français d’une heure.
A l’intérieur de cette quête de plus d’un siècle, l’hommage est particulièrement poignant sur ce que furent les créateurs du cinéma, les explorateurs de l’image, les Indiana Jones de la pellicule, artistes et artisans rêveurs tels que Méliès ou les Frères Lumière, bien avant l’époque déjà manufacturée des Charles Pathé, Charlie Chaplin ou Sergueï Eisenstein. Il nous fait aussi pleurer d’injustice devant le violent rejet qu’ils subiront de la part du 7ème art lui-même quand il entamera sa carrière d’ industrie du loisir, laissant dans le ruisseau ses véritables précurseurs, condamnés au reniement, à la misère, voire au suicide artistique.
Ponctué de témoignages de Jeunet, Costa-Gavras, Hazanavicius et bien d’autres, le film déploie surtout tout ce qu’il aura fallu d’émotions, de foi, d’enquêtes, de voyages, de patience infinie, d’années et de décennies, de moyens, de travail collectif, de technicité chimiques et informatiques, d’anecdotes vertueuses, de malhonnêteté parfois comme de fraternité internationale, pour aboutir à cette formidable réhabilitation, du film comme du cinéaste, tant au point de vue technique que spirituel.