2011 avait vu la ressortie évènementielle du Voyage dans la Lune, de Georges Méliès, dans une version totalement fidèle à celle diffusée la première fois, en 1902, et colorisé. C'est-à-dire que, le cinéma en couleurs n'existant pas à l'époque, chacune des images du film (près de 20 000) ont été coloriées à la main !
A cette occasion de la sortie en salles, il a été adjoint un documentaire d'une heure revenant sur le contexte de la sortie du Voyage dans la Lune, le cinéma primitif, et sur le parcours hors normes de Georges Méliès, le premier génie du 7eme art qui faisait ses films comme un artisan, et finira à vendre des jouets dans une gare parisienne, dépassé par le commerce que ça allait devenir.
Le documentaire sise lui-même en deux parties, celle dite historique, avec beaucoup d'extraits de films muets, et l'intervention de réalisateurs contemporains comme Jean-Pierre Jeunet, Michel Gondry ou encore Michel Hazanavicius. C'est vraiment passionnant à suivre, avec la narration entrainante de Serge Bromberg, et le clou du spectacle est la diffusion de quelques extraits sonores du seul entretien qu'a donné Méliès, queles mois avant sa disparition, une voix très juvénile revenant sur la conception de ces films, dont certains se tournaient en une journée. A l'époque, on parle de films, mais ils ne durent guère plus que quelques minutes, voire secondes. C'est pour cela qu'avec ses 18 minutes, Le voyage dans la lune peut être considéré à son échelle comme une superproduction.
La seconde partie revient sur l'incroyable méticulosité pour restaurer le film, dès 2001, avec la découverte presque par hasard de la dernière copie originale, mais dans un état catastrophique. Les techniques de restauration n'étant pas aussi évoluées qu'aujourd'hui, le programme fut au départ sauvegardé, puis mis de côté. Puis, huit ans plus tard, et l'arrivée de mécènes, on a pu sauver le film, pour le proposer à nouveau en salles en 2011, dans la version colorisée d'origine, et la plus fidèle à la vision de Méliès, bien que 54 images ont été irrémédiablement perdues.
L'ironie de cette histoire est que Méliès, par un accès de colère au moment de revendre son studio, a brulé les négatifs de ses films. Mais, entretemps, comme ceux-ci avaient été diffusés illégalement dans le monde entier, car son auteur n'avait pas pris conscience de les protéger, on a pu retrouver 40 % de sa production grâce à ce piratage de masse ! Dont cette version du Voyage dans la Lune, retrouvée dans une cinémathèque espagnole, alors qu'on pensait tous qu'il était en noir et blanc...
Même si ça manque d'interventions d'historiens, ça reste un excellent documentaire, très didactique, sur la naissance du cinéma, sur la manière de la faire alors, et sur ce visionnaire que fut Georges Méliès.