Beaucoup de critiques considèrent aujourd'hui "le Voyeur" comme un chef d'oeuvre, mais il fut haï par ses contemporains comme peu de films ont pu l'être, et la carrière de Michael Powell ne s'en releva jamais : il faut dire qu'il s'agit DU film qui introduisit le ver du péché dans la cinéphilie ! Sorti sur les écrans un mois avant "Psychose", ce film de serial-killer est tout aussi pervers, et peut-être finalement plus dérangeant, car si Powell n'a pas le talent de manipulateur de son compatriote, il a construit ici l'une de de ces machines infernales qui fonctionnent sur l'intelligence du spectateur plutôt que sur ses sens. C'est que Powell avait compris avant tout le monde que nous allions entrer dans le règne de l'image, et son pitoyable - mais émouvant - monstre n'est guère qu'un symptôme d'un mal nouveau qui allait ronger le siècle. De Palma allait construire au moins la moitié de son oeuvre sur ces géniales prémisses... [Critique écrite en 2004]