Deuxième film que je découvre d'après un roman d'Alexandre Jardin (sans doute aurais-je été moins indulgent si j'avais lu celui-ci), et manifestement une question taraude constamment l'écrivain : comment être capable de maintenir coûte que coûte la passion au fil des années. Si « Fanfan » montrait un héros ambitionnant de faire une cour à vie à l'être aimée, « Le Zèbre » présente un protagoniste déjà marié prêt à tout pour surprendre son épouse et garder brûlante la flamme qui l'anime. Un peu comme si le Alexandre de « Fanfan » s'était marié et avait eu des enfants...
Je trouve cette question vraiment très intéressante, le contexte et les situations étant suffisamment différentes pour éviter une répétition totale. Néanmoins, on sent qu'il n'est pas évident de se renouveler et que le thème ne présente finalement pas tant de possibilités, le faux suspense autour du mystérieux inconnu prêtant surtout à sourire (olala, quelle surprise que l'identité de l'auteur!!). Mais bon, globalement ça se tient : c'est assez vif, romantique à souhait, le côté aussi bien irrésistible qu'insupportable d'Hippolyte étant habilement montré, cohérent dans sa logique jusqu'au-boutiste.
Surtout, cette passion pour sa femme est rendue totalement crédible par la présence de Caroline Cellier, d'une beauté à se damner et d'une élégance rare, qui ferait effectivement tourner la tête de l'immense majorité de la gent masculine. Pour son premier (et dernier) film en tant que réalisateur (il décédera quelques mois avant la sortie du film), Jean Poiret ne fait pas d'étincelles (je ne sais pas si c'est la qualité de la copie, mais l'image laisse franchement à désirer), mais signe une œuvre attachante, légèrement lassante et survoltée (Thierry Lhermitte se lâche comme jamais) mais ne cédant pas trop à la facilité (je pense en particulier au dénouement), dotée d'une jolie musique et donc une belle déclaration d'amour de l'acteur du « Dernier Métro » à sa femme (Caroline Cellier, donc), pour lequel on l'imagine presque aussi fébrile que son héros. Au vu des critiques parfois assassines, vraiment pas si mal.