J'y ai cru, je ne peux pas le nier. Maury et Bustillo, ces galopins du cinéma d'horreur à la française qui avaient refusé le remake de Freddy et qui ne voulaient partir aux US que pour réaliser la suite du Halloween de Rob Zombie... J'y ai cru. L'article de Mad Movies du mois a commencé à refroidir les attentes, quand on lit qu'on a tourné un film de deux heures qu'on leur a demandé de raboter à 1h30... Le résultat se révèle être un gâchis d'autant plus dommage que sur le papier, les ingrédients fonctionnent. Alors, faut-il se déplacer pour aller constater l'ampleur du carnage ? Moui.


Si des éléments ont accentué la débâcle, il me semble plutôt clair que Leatherface tient davantage de l'accident que du navet total. Il y aurait plus à comparer avec l'Episode 3 de star wars qu'avec le navrant Massacre à la tronçonneuse 3D (qui respectait le personnage en l'inscrivant dans un cadre absolument fade). Ici, c'est la genèse d'un boogeyman ultime, totalement ratée mais avec d'excellentes intentions. Il y a suffisamment de pistes pour que l'on reconstruise un parcours psychologique à peu près cohérent pour Leatherface. Malheureusement, le film va trop vite, est trop fade ou enchaîne les péripéties avec tellement d'entrain ou de gratuité qu'on ne peut pas adhérer. Alors, quand arrivent les scènes icôniques (le tronçonnage bien gras, la couture du premier masque...), c'est trop tard, le personnage n'a pas la carrure nécessaire pour accomplir de tels actes (surtout sur les masques en peaux, comment en arrive-t-on là en étant un type normal dans la semaine qui précédait ?). Ebauché mais pas fini, le personnage reste dans l'ombre, et n'aura jamais l'ampleur que l'on attendait. Pire d'un côté, son frère Bud le surpasse dans son ampleur physique. C'est clairement lui qui était Leatherface, toujours dans le décor sans jamais parler avec autre chose que des grognements, et une masse certes grassouillette, mais qui rivalisait avec le Michael d'Halloween quand il fallait passer à l'action). Encore une fois, je sens l'accident dans le choix très malheureux que fait le film, et il y a dû y avoir un vrai déchirement sur ce point. C'est Bud qui aurait dû devenir Leatherface, et non Jackson. C'est tellement évident que je crois réellement que la décision a été prise d'inverser les deux personnages pour ne pas perdre Jackson, qui est le personnage positif (bien que violent) du film. Résultat, on bascule dans l'incohérence physique et psychologique. L'erreur de producteur classique, celle qui provoque le déchaînement du fan.


Pour le reste, il faut reconnaître que ce Leatherface a tenté d'apporter du neuf à la saga, en aménageant l'internement des fils de la famille Sawyer après un meurtre les impliquant (ils ont une dizaine d'années), puis leur évasion et leur cavale en compagnie d'autres internés bien plus dangereux. Les 20 premières minutes vont trop vite (la scène d'intro va trop vite, le premier meurtre s'enchaine direct, bref, on n'a pas le temps de poser l'ambiance qu'on est déjà à l'asile, mais bon, au moins, c'est du neuf). La cavale commence à révéler les faiblesses de mise en scène, avec des choix d'éclairages pas toujours très judicieux. La balade donne alors au Texas plus de vie qu'à l'accoutumée. Hélas, tous ces éléments rappellent The devil's rejects, sans jamais atteindre l'originalité et la puissance de ce dernier. On se retrouve avec des personnages plutôt fades (pas le temps de les développer avec autre chose que les faits de l'intrigue), du suspense en demi-teinte (le texas barbecue), et trop régulièrement des clichés (le traitement par électro-choc, les flics texans qui tirent avant de faire les sommations...). Et du trash gratuit (la fornication sur le cadavre dans la caravane) qui n'apporte rien, là où les excès de Rob Zombie provoquaient une ambiance poisseuse. Finalement trop comparable à ce dernier, Leatherface ne parvient jamais à convoquer le géant puant déjà au centre de 7 films. Certes, on n'est pas au niveau de la nouvelle génération, et dans un cadre plus classe que 3D, mais ce n'est vraiment pas brillant, et la compression de la durée pose un réel problème de rythme trop serré, en totale contradiction avec l'élégante photographie que l'équipe technique a donné au bestiau. Bref, on n'éclipsera pas the Beginning, car Michael Bay l'avait produit et lui savait ce qu'on voulait voir !

Voracinéphile
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le 30 sept. 2017

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