Dans ce film du réalisateur du mémorable La Traque, avec lequel il entretient quelques rapports (la métaphore de la chasse est présente, ainsi que les conséquences de l'effet de meute), Claude Brasseur est parfait en type lambda qui voudrait bien se venger des meurtriers de sa famille, mais qui renâcle franchement à fricoter avec une association louche qui promeut le rétablissement de la peine de mort et la constitution de milices d'auto-défense - tout en étant atterré par l'inaction de la police.
Rien à faire j'aime bien les polars français un peu bisseux de cette époque. Il y a la patine urbaine début des années 80, qui me chavire toujours. Des répliques ordurières marrantes. Le casting est assez dément ; outre les acteurs principaux et les trognes habituelles de l'époque dans les seconds rôles, on retrouve également : Thierry Lhermitte, Plastic Bertrand, Christophe Lambert, Valérie Kaprisky..... Et, si la productrice Véra Belmont est clairement pro-auto-défense (elle le dit dans l'interview en bonus sur le BR), Serge Leroy nuance grandement son propos, qui serait en fin de compte plutôt à rapprocher de celui des films de Boisset (en gros : tous des cons, surtout les flics et les gens de droite).
Après ça ne manque pas de problèmes : le scénario est à la fois trop plat et trop capillotracté, et Plastic Bertrand, euh, comment dire... il apparaît une fois en générique de début pour pousser la chansonnette, et une autre fois Véronique Genest - qui n'était pas encore l'illuminée qu'on connaît aujourd'hui - lui téléphone en l'appelant "Plastic". Et il y a des affiches de lui par moments. Je ne sais pas quel était le deal mais bien joué à son agent ! On a aussi droit à la traditionnelle "boîte de tantes" et toutes les scènes ringardes et gênantes aujourd'hui qui en découlent. Moi ça me fait marrer, mais faut prendre un peu de recul quoi. Enfin ça manque d'action et de violence : on est clairement pas dans Un justicier dans la ville, ni dans ses suites (dommage ?).
Bref franchement pas un chef d'œuvre, mais pas non plus le navet fascisant qu'on dépeint parfois.