(bon je spoile un peu tout, vous êtes prévenus)
Rolling thunder, ou Légitime violence en VF, deux titres qui claquent pour un petit classique du film de vigilante, co-écrit par Paul Schrader. Karim Debbache dans un épisode de Crossed mentionnait que Tarantino avait repris le nom pour sa boîte de distribution ; maintenant je n’aime plus ni Debbache ni Tarantino, mais c’est pas rien quand même.
Après des années à être retenu dans un camp comme prisonnier de guerre au Vietnam, le major Charles Rane rentre enfin au pays. Il retrouve sa femme, et son fils, qu’il a vu pour la dernière fois quand il n’était encore qu’un bébé. Rolling thunder propose un traitement plutôt sensible de ce retour à la vie normale (Rane découvre que les femmes ne portent presque plus de soutif, on a l’occasion de le constater durant tout le film) et de la reconnection difficile avec la famille.
Le héros ayant été torturé quotidiennement pendant plusieurs années, on sent que son mental n’en est pas ressorti totalement indemne, en atteste cette scène déstabilisante où il organise une sorte de reconstitution des sévices subies. Dommage que ça soit la seule scène qui aborde le sujet.
Mais comme si ça ne suffisait pas, Rane apprend maintenant de sa femme qu’en son absence, ne sachant pas s’il reviendrait un jour, elle a fréquenté un autre homme. Et elle veut l’épouser.
Les drames que vit Charles Rane dans sa vie privée contrastent ironiquement avec la façade qu’il présente lors de ses apparitions en public, où il est congratulé par tous. Un grand magasin l’honore d’ailleurs en lui offrant une grosse somme d’argent, un dollar pour chaque jour passé en captivité. Mais ça attise la jalousie, et le héros de guerre se fait tout dérober, on lui arrache la main, et tue sa famille.
VDM !
Laissé pour mort, le vétéran garde toute info sur ses agresseurs pour lui, déterminé à rendre justice lui-même, équipé d’un crochet aiguisé et d’un fusil à canon scié.
C’est à partir de là que le film commence vraiment, et peut se révéler intéressant ou au contraire plonger. Eh bien pour moi c’est à partir de là que Rolling thunder affiche ses défauts.
Charles se rend au Mexique, suivi constamment par une groupie (elle se décrit comme tel), un peu longue à la détente, puisqu’elle met du temps à comprendre ce que son héros compte faire. Rane l’utilise comme appât, à plusieurs reprises, et elle reste inexplicablement avec lui, même après un pétage de plomb. Je pense que son comportement est d’un irrationalité qui se rapporte justement aux groupies, capables d’aimer coûte que coûte quelqu’un qu’elles ne connaissent pas, et sans raison valable.
Et alors que la fille insistait plusieurs fois pour que son chéri appelle la police au lieu de chercher les criminels lui-même, lors d’une séance de tir elle sort d’un coup qu’elle aimerait pouvoir shooter sur des cibles plus intéressantes… Ah, bah d’accord.
Le héros trouve les meurtriers on ne sait comment, il commence par une certaine ville du Mexique arbitrairement et demande si on connaît "Fat Ed"… c’est pas comme si ça n’était pas générique, comme surnom.
Il y a de sérieux plot holes : Rane apprend que ceux qu’ils cherchent sont dans un bordel, il s’y rend plusieurs jours après, et sans même vérifier leur présence, il y va armé. Et bien évidemment, ils sont tous là, à croire qu’ils n’ont pas bougé, ce qui est d’autant plus absurde que Rane a obtenu l’info juste avant qu’une bagarre n’éclate, où il a planté son crochet dans l’entrejambe d’un des complices. Et donc, le type n’a même pas prévenu les autres que Rane savait où ils étaient et venait se venger ?
Pour ce qui est des scènes d’action, on a ce combat à mains nues, où le héros s’en sort on ne sait pas comment. Et une fusillade finale mal filmée, qui se contente de champs-contrechamps sans qu’on puisse bien situer les personnages.
Rane se prend d’ailleurs deux balles, mais c’est ok, il tient toujours debout.
Et entre les deux, il ne se passe pas grand chose.
Rolling thunder n’est pas un mauvais film, mais il n’y a rien d’extraordinaire non plus.