Film US de 1977 de John Flynn. Racontant l’impossible retour d'un prisonnier de la guerre du Vietnam, Légitime violence est avant tout une sorte de western transposé à l'époque moderne, on pourra aussi y voir une inspiration de la tradition asiatique des films de sabreur manchot, le fait que Paul Schrader soit à l'origine du scénario n'y est certainement pas pour rien. Le film commence comme un drame, parlant de la guerre du Vietnam à une époque où cela n'était pas encore d'actualité dans le cinéma US, un portrait qui sonne très juste, relatant avec beaucoup de force le trauma de ce soldat. Il est intéressant de noter que cette première partie à du fortement inspirer les scénaristes de la série Homeland tant les similitudes entre les deux personnages sont grandes. Mais l'analogie s'arrêtera au moment où le film fait un virage vers le film de genre, avec la scène du cambriolage, dur et ambigu à la fois, tant le mutisme du personnage principal peut être interprété de différentes façons. Le film devient vengeance, voire vigilante, la bête est lâchée, c'est le dernier sursaut de vie d'un homme déjà mort qui au final n'attendait que ça. La conclusion sera bien évidemment explosive, comme tout bon western. Le réalisateur n'en fait pas des tonnes, filme à l'efficace et en toute sobriété, en solide artisan d'Hollywood qu'il est. Mais le réalisateur n'oublie jamais ses personnages construisant son histoire sur ceux-ci grâce à un juste casting, William Devane en antihéros taiseux parfait pour incarner cet homme vide, il l'est un peu moins dans les scènes d'action mais on s'en contentera. Linda Haynes aussi très bien dans son rôle de fille du sud sensuelle ayant déjà beaucoup vécu et un jeune Tommy Lee Jones avec déjà beaucoup de présence animal. Un film du samedi, marquant et passionnant le dernier "ride" nihiliste d'un outcast.