Oui, c'est toujours intéressant de s'attacher aux dérives d'Internet, notamment lorsqu'on les aborde à travers le regard d'adolescents mal dans leur peau, voire parfois en grande souffrance, où le seul refuge contre la solitude est justement ce monde virtuel leur permettant de s'évader d'un quotidien trop brutal pour eux. Rien que pour ça, « Lenalove » reste intéressant, se montrant longtemps sans concession, voire assez cruel dans la description de certains comportements, où l'influence néfaste d'une seule personne peut amener à franchir allègrement les limites. Malheureusement, c'est vraiment la forme qui pèche (lourdement) ici. Florian Gaag semble ne pas savoir où il veut emmener son film, aussi bien visuellement que dans la narration.
C'est trop souvent peu clair, multipliant les sous-intrigues confuses et sans grand intérêt, si bien qu'on se perd un peu entre qui est qui et qui fait quoi pour nuire à untel ou untel, alors que le sujet principal se suffisait presque à lui seul. Idem pour la photographie, entre « trip » presque hallucinogène et décors grisonnants typiques des productions télévisuelles allemandes. Ça manque de ligne directrice, de rigueur, l'aspect très inégal signifiant toutefois que le résultat a quelques moments forts, l'interprétation (notamment celle de l'émouvante Emilia Schüle) étant globalement à la hauteur. Une entreprise malheureusement pas à la hauteur de son sujet, à l'image d'un dénouement peu convaincant, presque à contre-sens du propos tenu jusqu'alors. Frustrant.