Ça a commencé à cause d'un métro de retard, ça a continué aux sommets des sommets les moins hospitaliers des Alpes et ça s'est terminé dans les profondeurs de l'océan, avant les profondeurs de l'océan, il y a eu les tribus des Nouba du Soudan, et entre les sommets alpins et avant les Nubas et les profondeurs de l'océan, il y a eu l'Horreur...


Voilà ce que l'on retiendra exclusivement de l'oeuvre de Leni Riefenstahl. Elle a su trop bien utiliser son immense talent de cinéaste pour servir l'idéologie la plus écœurante et ses représentants et exécuteurs. Une puissance visuelle inégalable au service de la propagande la plus gerbante qui soit.


3 heures sur la cinéaste Leni Riefenstahl, sujet malheureusement passionnant car le Diable est fascinant et ceux qui l'ont côtoyé aussi, qu'on regarde gêné mais en même temps intéressé (on ne va pas refaire l'esprit humain !!!).


Ray Müller filme la cinéaste raconter des anecdotes passionnantes sur ses tournages en tant que jeune première dans les films montagneux d'Arnold Fanck, sur lesquels il fallait être un véritable kamikaze (j'exagère même pas !!!) pour y participer, montre lors des plongées sous-marines un des assistants de la réalisatrice tenir dans sa bouche un morceau de poisson qu'un requin vient lui arracher, pas la peine de préciser que l'image est impressionnante, et puis comment elle a préfiguré la manière de filmer le sport à la télévision dans Les Dieux du stade (et la puissance de gros malade qui se dégage de l'intro du film, de la cérémonie d'ouverture des JO, et puis Jesse Owens !!!). Mais ce n'est pas ce que l'on retient le plus...


Ce que l'on retient le plus, c'est la cinéaste dire qu'elle ne pouvait pas blairer Joseph Goebbels et qu'elle le voyait le moins possible alors que le journal intime du principal concerné disait qu'elle avait été plusieurs fois chez lui (d'accord c'est un des plus gros mythos de l'Histoire, mais jusqu'au point de mentir à son propre journal intime ???), dire qu'elle a honte d'avoir réalisé Le Triomphe de la volonté tout en la montrant un peu plus tard se félicitant d'avoir trouvé dans le film une très bonne combinaison images-musique à un moment de ce film, piquer de grosses colères quand on lui pose des questions embarrassantes, et puis le sommet, il y a le tournage de Tiefland où des Roms ont été employés comme figurants avant d'être envoyés dans un camp et exterminées ; elle dit qu'elle ne savait pas, elle allait pas répondre autre chose que ce soit vrai ou faux, mais si c'est faux c'est vraiment une des plus grosses et immondes con.......


En tous les cas, ce documentaire dérangeant mais qu'on ne peut pas lâcher est une véritable réflexion sur l'artiste et sa responsabilité autour du contenu et de l'alentour de sa création.

Plume231
8
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le 14 avr. 2017

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Plume231

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