Ah, Luc Besson, le réalisateur français qui déchaîne le plus les passions : génie incompris pour les uns, producteur capitaliste et sans talent pour les autres. Pourtant, si on regarde les notes de SC, on constate que Léon sort un peu du lot. Il semble globalement plus aimé que son réalisateur.
Je ne reviendrais pas sur les éternels débats qui entoure le bonhomme. Je dirais juste que ce type rapporte quand même suffisamment d'argent au cinéma français pour qu'on lui fiche la paix. Qu'il fasse de bons ou de mauvais films après tout, ce n'est pas le plus grave. Il y a d'autres gens talentueux autour de lui, car c'est aussi un découvreur de talent : de Jean Reno à Nathalie Portman - excusez du peu, il a su faire émerger de bons acteurs. De plus, c'est un des réalisateurs qui s'exportent le mieux, capable de faire de gros scores dans les box office anglo-saxons et de faire connaître des acteurs, des costumiers, des maquilleurs, des concepteurs français. Ce n'est donc pas un mal. Je dirais que si Luc Besson fait de mauvais films, le public plébiscite, par voie de conséquence, ce mauvais cinéma. N'en déplaise à la critique... Il est vrai qu'on aime pas en France le cinéma d'action. La critique en particulier. Il est de bon goût d'aimer la profondeur, la complexité, la recherche. Besson n'a donc aucune chance, car il ne fait pas un cinéma intellectuel. Il fait un cinéma grand public, mariant style hollywoodien et "french touch".
Mais un cinéma populaire, grand public, n'a rien de mal. Au contraire. Léon en est l'exemple parfait. Tout est réussi : les scènes d'actions sont intenses, les dialogues, savoureux, OK ? Les acteurs sont convaincants, la réalisation est vraiment pas mal avec de beaux plans et la musique est comme toujours impeccable. En plus de cela, l'univers déployé est très particulier : un New-York archi-violent, un amour platonique entre un homme mûr et une adolescente de 14 ans, la folie, la drogue, la mafia, le tout dans un décor pourri, puant, pauvre et misérable. Entre Léon qui est un tueur hors-pair qui aime sa plante et les grands verres de lait plus que tout au monde, Mathilda qui fait preuve d'une maturité rare pour son âge et qui forment un duo à la Bonnie and Clyde et Gary Oldman (juste impeccable dans son rôle de méchant-fou), grand fan de Beethoven et de Mozart, qui tue avec ses écouteurs sur la tête ; on a son lot d'insolite et de fascinant. Puis, il y a les classiques de Besson : le travelling superbe de départ, avec vue plongeante sur Central Park, la musique de Serra, à la fois bourré de son éléctro et de morceaux symphoniques, les plans déments sur des escaliers et des couloirs dégueulasses et des plans rapprochés comme Besson les aime.
Le film est impeccable, touchant, drôle ou cynique. Besson fait du Hollywood à la française et il le fait plutôt bien. Peu de réalisateurs de notre pays savent filmer les combats et l'action de cette manière. Dommage que Besson ne fasse plus des films de cette trempe.