La grenade est dégoupillée...
Léon.
Quatre simples lettres pour un homme simple, réglé, minutieux. Et implacable.
Quand on est nettoyeur, faut pas faire dans le sentiment. On apprend le boulot, c'est tout. Pour commencer, le fusil à lunette. Loin de la cible, on ne risque rien. C'est bon les débutants. Le couteau, ça s'apprend en dernier, quant on maîtrise son art.
Léon, lui, utilise les pistolets mais aussi le couteau. Sans souci. C'est propre, net, sans bavure.
Pas la moindre aspérité dans la vie ascétique de cet homme qui fait des abdominaux tous les matins et boit du lait. Beaucoup de lait. Bon, sa meilleure amie est une plante verte. Jean Reno joue là un de ses meilleurs rôles.
Mathilda.
Huit lettres, deux fois plus que Léon pour une gamine dont la vie est deux fois plus compliquée. Jeune et jolie plante, elle va remplacer dans le cœur de cet homme tendre, sous son impassible carapace, la plante qu'il arrose tous les jours. Une immense actrice est née, elle se nomme Nathalie Portman.
La relation de ces deux-là est magnifique, d'une pure beauté. L'âme de cet homme s'éveille à la vie, lui qui dispense la mort. La musique irrigue ces moments d'éternité, elle happe le spectateur dans l'univers si particulier de Luc Besson. Quel talent ce bonhomme.
Ces instants de paix sont des interstices dans le bloc de violence de ce monde sans pitié.
-"C'est toujours comme la vie ou juste quand on est petit ?"
-"Toujours comme ça".
Surtout avec des flics ripoux comme celui incarné de façon magistrale par Gary Oldman. Il apprécie Beethoven, sourd comme lui mais aux suppliques de ce monde. Un pur sadique.
Tout est magnifiquement filmé. La mise en place. La relation Léon Mathilda. L'alternance entre la douceur et la violence. Le paroxysme dans la débauche de moyens pour liquider le nettoyeur.
Une fois encore, je suis resté assis dans mon fauteuil, hypnotisé par la musique du générique.
-"T'en fais pas, on se retrouve chez Tony".