Lors de mon dernier visionnage, j'avais tenté de briser un mythe que chaque enfant occidental qui (ne) se respecte (pas) avait, celui de la magie d'un film Disney qui était ancrée dans les mémoires. Aujourd'hui, aucune intention de la sorte de ma part, pour la bonne raison que je n'avais presque aucun souvenir des 101 Dalmatiens, et à nouveau la mémoire joue des tours au vieillard maugréant que je suis.
Car tout de même, ce dessin animé regorge de bonnes choses : le générique d'ouverture est bien rythmé (avec un petit clin d’œil à la MGM en mettant un dalmatien à la place du lion) ; on perçoit clairement que le dessin est un peu griffonné mais c'est ce qui lui donne tout son charme, rappelant tantôt Les Aristochats par le coup de crayon ou encore Merlin par l'animation. Il est également possible de noter la complète absence de chanson (et pas de musiques, qui sont d'ailleurs toutes excellentes), sauf peut-être Cruelle Diablesse qui reste ce qui s'en rapproche le plus.
Et bien évidemment cette chanson est une référence à Cruella D'Enfer (De Vil chez nos amis outre Manche, ce qui est bien plus classe), la méchante de l'histoire qui, dès qu'elle voit un animal et comme toute femme qui se respecte, pense immédiatement : "Fourrure !!". Car oui, Cruella, c'est le charme et la délicatesse sous une peau d'animal. D'ailleurs, Tata Cruella donne souvent des conseils pour faire la cuisine : "Le poison, une pierre au cou, fendez-leur le crâne ! Vous avez du chloroforme ?" ; "A vous de choisir leur genre de mort, mais tuez-les ! Tuez-les vite !" Une sociopathe en puissance ? Non non, une sociopathe, tout court. Elle aura de fait marqué tous ceux qui ont vu ce dessin animé, alors qu'elle n’apparaît que lors de quatre ou cinq séquences de celui-ci.
Ces deux sidecicks, Jasper et Horace tiennent bien leur rôle, bien que finalement peu développés comme à l'accoutumé. Les dialogues sont parfois croustillants, comme lorsqu'ils kidnappent les chiots et que le premier enferme la bonne Nanny dans le grenier de la maison, le tout agrémenté d'un : "Désolé de t'abandonner chérie, mais j'avoue que j'suis pas tenté par tes charmes", phrase au combien explicite pour qui n'a plus des yeux d'enfants. Mention spéciale au vieux chien qui transmet le message du kidnapping des chiots : "C'est le seul qui soit à portée de ouah-ouah !"
Et... comme pour Peter Pan, je pourrais finir ici. Mais finalement... je ne peux m'empêcher de souligner deux ou trois petites choses. Juste comme ça, pour ne pas faire pâlir ma réputation de vieil aigri.
A Londres, Pongo cherche à se caser ainsi que son maître par la même occasion, et sa truffe l'oriente bien évidemment vers quelqu'un de sa race : après tout, on ne se mélange pas avec n'importe qui. La recherche de la "compagne idéale" pour son maître, dénote une forte tendance avant tout à la recherche d'une dalmatienne qu'on se le dise, mais aussi à la répartition équitable des sexes : le mec a son mâle, la femme a sa femelle, et ce quel que soit le duo maître/chien. On poursuit avec la naissance des chiots : les hommes/mâles attendent la naissance dans le couloir : normal, c'est Nanny qui fait tout, sont pas capables d'aider les deux autres là, bras et pattes ballants. Ah oui, autre chose : le gros chiot a tout le temps faim : c'est logique après tout, il est gros. Et puis tout est de sa faute d'toute façon : il fait repérer les chiots quand ils montent les escaliers parce qu'il est le dernier, il couine quand ils se cachent sous les escaliers et ils ont failli se faire repérer sous le pont lors de la fuite. Bravo le gros, grâce à toi ta race à presque failli s'éteindre.
Mais si l'on ne tient pas compte (je pense être le seul d'ailleurs que ça fasse encore grommeler) de ces reproches, pour certains anachroniques, Les 101 Dalmatiens restent un excellent dessin animé. Non, je ne dis pas "film" depuis le début, et c'est voulu, parce que le film c'est ça, et même si Glenn Close est très crédible en Cruella... c't'une purge ce film.