L’œuvre est frénétique en suspense. Il induit petit à petit ce sentiment de croiser les protagonistes avec leur propre tombeau… Cette fatalité est un drame tragique que 33 mineurs ont vécu. Un accident, une mission de sauvetage. Le cahier des charges se rempli en matière d’héroïsme, de survie et de satires sociales. Les réalisateurs Patricia Riggen et Checco Varese remémorent les mésaventures des mineurs chilien en 2010, bloqués sur le lieu de travail, 668 mètres sous terres.
On met en avant la difficulté du sauvetage, où l’extérieur piétinent dans leur recherche. Mais on s'attarde davantage sur les limites physiques et mentales des survivants. De ce fait, la patience est un luxe dont souffrent ces victimes. Ils sont d’ailleurs bien trop nombreux pour qu’on les distingue tous, mais il existe des personnalités qui dominent le groupe de temps à autres. Ce premier acte laisse entendre que la confusion et la coordination ne sont pas au rendez-vous, que ce soit dans le bunker tombale claustrophobique ou bien à la surface étouffante en termes de responsabilités. A juste titre, Mario Sepúlveda (Antonio Banderas) n'apparaît pas toujours comme le leader, mais il prend à coeur de porter la responsabilité pour ses collègues en pleine déviance. Il est certainement le plus charismatique de son côté du tunnel, qui se fraye tranquillement un chemin vers la libération.
Les familles dressent alors un portrait de solidarité, à l’image d’un pays qui se réunit autour de la catastrophe. Certains apportent un sentiment d’incompréhension avant de laisser la colère les envahir. Vient alors la gestion des émotions, car un inhibiteur est nécessaire au bon déroulement des opérations. Le ministre des mines du Chili, Rodrigo Santoro (Laurence Golborne), s’engage personnellement dans un effort avant tout démocratique. Il n’y a pas de divinité qui puisse changer la donne dans ce conflit psychologique. D’une part, les mineurs sont piégés et se confrontent à la dépendance de choses futiles, d’autre part on assiste à un bon message sur ce que l’ingénierie apporte, tout en prétendant réparer les fissures les plus délicates.
La figure emblématique des survivants constitue ainsi un idéal qu’Hollywood a le don de d’exploiter à son avantage. Les faits réels sont des sources d’inspiration pour la société qui passe à côté de la valeur d’une vie. Bien entendu, la démarche pour y parvenir peine à rendre justice à la qualité de narration, bien trop simpliste. Malgré tout, “Les 33” promet un hommage solennel pour ceux qui n’ont fait qu’un avec leur âme et avec leurs amis fidèles. La leçon de courage est un mal intérieur que l’œuvre a permis d’illustrer, en retenant ses coups dans la charge d’un film catastrophe. Ne pas avoir tranché prouver du recul, mais il en faut davantage afin de contrebalancer le souffle qui manque.