La volonté de faire un film pour garder une licence dans son giron est loin d'être un gage de qualité. Cependant, ce bégaiement des 4 Fantastiques est devenu le projet qu'il est de bon ton de haïr, de fracasser, de dénigrer afin de se mettre en valeur et de s'ériger à peu de frais en gardien du bon goût outragé. Etrange unanimité qui aurait pu prendre tant d'autres films pour cible. Pas que celui-ci soit un chef d'oeuvre, hein, mais sa réputation de désastre, il ne la mérite pas.
Enfin, ce que j'en dis...
Le matériau de base, déjà, est pour moi le moins bon de l'écurie Marvel. Seules les sagas cosmiques ou à base de voyage dans d'autres dimensions m'avaient attirées. Ca, les scénaristes l'ont compris, tout comme la nécessité d'évacuer l'aspect comédie sitcom instillée par Tim Story (Tiens, que devient-il, d'ailleurs ?). La Fox rajeunit donc les héros pour éviter l'aspect famille. Reed perd ses tempes grisonnantes, Johnny son teint blanc et Sue sa filiation. Quant à Ben, il devient littéralement une pièce rapportée et un effet digital réussi, loin du costume de mousse aux plis embarrassants des premiers opus. L'atmosphère se noircit, devient par instant lourde. La dynamique de groupe est longtemps absente. Le film s'inscrit dans une relative réalité, avant de visiter avec ses protagonistes la dimension zéro aux allures crépusculaires, inhospitalières et arides.
La jeunesse de ses héros est le prétexte idéal à la survenue de l'accident qui donnera aux Fantastiques leurs pouvoirs. Expérience décidée sur un coup de tête, après la déception alcoolisée d'avoir été dépossédé de leur projet par l'armée. Dans un sursaut d'orgueil, ils seront les premiers à poser le pied sur le monde sur lequel ils ont ouvert une fenêtre. Ceux qui se rêvaient les égaux des acteurs de la conquête spatiale n'auront accompli qu'un petit pour l'homme, mais un grand pas pour l'immaturité. Et là où Josh Trank aurait pu convertir son Chronicle au sein de l'univers Marvel, un panneau nous fait avancer d'une année. On rate ce qui aurait pu être le plus intéressant : la domestication des pouvoirs, la façon de les appréhender, le changement de peau. Alors que le début de cette réflexion est amorcé via
la fuite de Reed Richards du complexe où ils sont étudiés. La peur est là. La culpabilité aussi...
Déception.
Pendant ce temps, l'armée a privatisé leurs pouvoirs. La réalité reprend ses droits, jusqu'à l'emballement et l'apparition du Doctor Doom, qui n'hésite à plonger un peu plus le film dans une atmosphère étrange en faisant exploser quelques têtes en plan séquence, cheminant vers un climax dans la dimension zéro agréable mais assez court. Ce sera le point d'orgue du film, le seul aspect comic book qui ressortira de l'oeuvre, hormis la représentation des pouvoirs de nos héros.
Il est évident que le film a souffert des desideratas contraires de son réalisateur et de ses commanditaires. D'un côté, le désir de coller à une certaine réalité, de décrire des personnages et de s'attacher à eux. Faire de certains des figures tragiques, aspect assez raboté à la vision du produit fini. De l'autre, des impératifs de spectacle, de standardisation et de rentabilité financière. Si ce regard constant et intrusif est monnaie courante au sein d'un studio comme la Fox, tyrannique, capricieux, possessif comme un adolescent irascible et immature. Il est cependant étonnant que parmi les producteurs figure Matthew Vaughn, qui avait pourtant souffert des affrontements perpétuels avec le même studio sur la licence X-Men.
Mais ce qu'il reste sur la pellicule est plaisant, quoique imparfait. Intéressant, quoique dénué de surprise. Je ne sais pas si Josh Trank en est le seul responsable. Mais Les 4 Fantastiques new look n'est pas le naufrage que certains vous décrivent avec une satisfaction quasi morbide, comme quand ils ralentissent sur l'autoroute pour essayer d'apercevoir les cadavres d'un accident gisant sur le bitume. Pas aussi exécrable qu'on veut bien le dire, Les 4 Fantastiques se présente comme un divertissement simple, honnête, agréable et perfectible.
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