Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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Le voilà, le neuvième film tant attendu de Quentin Tarantino. Celui qui aura failli ne jamais voir le jour suite à la mise en ligne de son scénario début 2014. Après un Django jouissif, il était difficile de ne pas saliver à l'idée de voir QT s'aventurer une seconde fois dans un genre aujourd'hui trop en retrait: le western. Celui des cowboys et des indiens (ou pas), des chapeaux, des diligences, des colts à la ceinture, des Winchester sur l'épaule, des longs manteaux qui lèchent le sol, des bottes qui frappent le bois des auberges et des éperons qui rythment le silence de leur son métallique si caractéristique d'un univers unique.
Alors oui, Les Huit Salopards c'est tout ça. Et ça fait du bien. Des vrais cowboys dans un univers authentique et un ton décalé qui vous ferait presque basculer dans un épisode de Lucky Luke (pour adultes...). Le film nous sert un western ni trop sérieux (en tous cas pas au premier abord) ni trop cartoonesque, parfaitement dosé pour donner aux amoureux du Grand Ouest tout ce qu'ils attendent. Et tout ça sous la neige, que d'mande le peuple...
Mais attention, ne vous attendez pas à des gunfights, des chevauchées fantastiques et des saloons plein à craquer. Non, pour ce film Tarantino a choisi de nous renvoyer en arrière, là ou sa carrière a véritablement commencé: avec Reservoir Dogs et son suffocant huis clos.
Référence évidente au The Thing de Carpenter, The Hateful Eight apparait alors comme autre chose qu'un "simple" western, le métrage dérivant au fil des minutes dans une ambiance pesante ou la paranoïa et les faux semblants font la loi.
La voiture et le hangar de Reservoir Dogs sont remplacés par une diligence et une auberge du Wyoming. C'est dans ces deux uniques décors que se déroulera l'intrigue, les quelques plans d'extérieurs et les flashbacks finissants de rythmer un film dicté par ses dialogues. A la limite de la pièce de théâtre (Tarantino avait d'ailleurs déclaré penser à l'adapter en pièce), les dialogues se devaient d'être réussis et... ils le sont ! La quintessence du dialogue à la Tarantino, la maitrise des mots, des tournures de phrases, des accents à couper au couteau, jusqu'à la puissance vocal des protagonistes (va falloir penser à se boucher les oreilles à certains moments si vous ne voulez pas ressortir avec des acouphènes). Tout est pensé jusqu'au moindre détail. Et quand vous vous rendez compte à l'entracte que vous venez d'assister à 1h30 de parlote et que vous n'avez pas regardé une seule fois votre montre, généralement c'est bon signe. Mais c'est aussi surement ce qui divisera les avis; film élitiste ? Mot un peu fort mais un peu vrai quand même.
On pense à l'Auberge Rouge ou même aux Dix Petits Nègres dans un premier temps, mais la dernière heure change la donne et nous offre un métrage en deux parties dont le mix se révèle grandiose et parfaitement huilé.
La mise en scène est hallucinante de classe et de justesse dans des espaces pourtant si réduits. Le 70mm nous a trompé, on attendait tous des paysages magnifiés par un format de pellicule ultra large et défini, alors que s'il y a bien quelque chose que Tarantino et son chef op attitré Robert Richardson ont voulu nous imprimer dans la rétine ce sont les visages de ces huit gros salopards. Quelle claque de voir ces visages en gros plans, ces sourires machiavéliques et ces yeux malicieux qui vous hantent de longues heures après la séance. La largeur du cadre proposé participe également grandement à la gestion parfaite de l'espace. Et que dire du casting, absolument incroyable. Il n'y a pas de mot pour qualifier des prestations de ce type. L'acting à son top niveau. Rien à dire sur la musique, c'est du bonheur à la Morricone.
Bref, ce Hateful Eight est une vraie réussite. Un des meilleurs films que Tarantino ait pu faire et pourtant tellement éloigné du reste de sa filmographie sur plusieurs points. Pas sûr que celui qui aime ses films pour leur côté fun ultra rythmé ne s'endorme pas devant celui-ci. Comme si QT avait envie de dire "FUCK" à tous ceux qu'il a tenté de séduire via ses artifices précédents. Car c'est surement son film le plus personnel, à tous les niveaux. C'est une expérience à vivre, une vraie et bonne grosse claque cinématographique qui dépasse allégrement le cadre du "simple" western paranoïaque.
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Créée
le 27 déc. 2015
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