Les 8 Salopards par Saul_Shao_Gael

Un écriture intéressante, un théâtre quasi-abstrait sur l'Amérique d'après la Guerre de Sécession, et des acteurs tous excellents. Mais le bain de sang dans lequel macère tout le dernier tiers a fini par perdre un peu mon intérêt, tant la complaisance "genresque" dans le cinéma gore s'étire interminablement... Jusque là, la parole, matériau du film par excellence, pouvait être agaçante, grossière, un peu lourdingue (Samuel L. Jackson narrant sa rencontre avec le fils du général) ; mais je trouve que dans l'ensemble, le spectateur était tenu en haleine par ce cinéma pourtant tellement verbal, peut-être plus encore que Reservoir Dogs - pari audacieux et, me semble-t-il, réussi. Mais lorsque "l'action" prend le dessus - avec une surenchère de violence presque surréaliste, la résolution des différents mystères qui s'étaient noués nous déçoit un peu ; et le plus gênant à mes yeux, c'est que les personnages continuent d'articuler péniblement leur péroraison, alors que les tensions dramatiques qui faisaient l'intérêt des discours précédents ont été peu ou prou désamorcées.
On pourrait dire que la parole chez Tarantino possède une valeur lorsqu'elle côtoie un pistolet chargé ; un fois la gâchette pressée, cette même parole prend des allures de préciosité inutile.
Ces réserves étant exprimées, j'applaudis tout de même l'audace de l'auteur, dont chaque film, même présenté comme "grand public", possède une dimension très expérimentale qui me surprend à chaque fois.