Le cinéma engagé, n’a pas attendu les hashtags - #balance ton porc, ou encore #metoo, ni les belles paroles de certains ou certaines de nos élus à la révolte plus que sélective - pour condamner l'abomination physique et psychologique qu’est le viol. L’un des films américains les plus marquants sur le sujet est sans conteste, “The Accused”, “Les Accusés” sorti en 1988. Au travers d’un fait divers aussi sordide que banalisé, à savoir, un viol collectif dans l’arrière-salle d’un bar de nuit, Jonathan Kaplan (“Projet X”, "Obsession Fatale”) dresse un impitoyable état des lieux de la culture du viol, entretenue par la convoitise et la frustration et attisée par l’encouragement et la performance au sein d’un microcosme machiste. C’est ainsi que Sarah Tobias (Jodie Foster, oscarisée pour l’occasion, tant sa prestation est habitée), une jolie et joviale jeune femme, s’est retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment ! Mais bien avant de se poser en victime, Sarah - par la voix de Kathryn Murphy (Kelly McGillis), son avocate - va devoir prouver, lors du procès de ses “présumés violeurs”, si elle a été réellement agressée sexuellement ! Pour raviver le trauma, toutes les bassesses du camp adverse sont au rendez-vous, comme autant de coups supplémentaires pour la jeune victime. Une tenue vestimentaire sexy aurait pu provoquer, tout comme sa posture lascive laissant aux hommes présents ce soir-là, le bénéfice du doute. Le plaidoyer de la défense des accusés, ira jusqu’à induire que pour la jeune femme socialement au bas de l’échelle, une mésaventure de la sorte, était prévisible ! À cet instant, le spectateur scandalisé, enrage et c’est en cela que la temporalité du long-métrage fait mouche. En effet, la séquence du viol nous étant dévoilée que dans l’ultime quart d’heure, le spectateur va alors être témoin d’une démonstration de monstruosité “ordinaire”. Avec tout le sérieux que mérite un tel sujet, Jonathan Kaplan filme - avec foi, force et sobriété - un combat judiciaire âpre et inégal. Sans jamais tomber dans le sensationnel, même lors de l’épilogue, “Les Accusés” puise toute sa puissance dans la fragilité et la force de ces deux femmes assoiffées de vérité et de justice !