Deux acteurs irlandais,Anthony O'Malley,vieille gloire ruinée,et Tom Quirk,jeune comédien en galère,montent une arnaque qui leur permet de piquer une grosse somme d'argent à des gangsters.Mais ces derniers entendent récupérer leur bien et les apprentis aigrefins multiplient les stratagèmes pour leur échapper.Cette coproduction anglo-irlandaise a été initiée par Neil Jordan,qui a imaginé l'histoire et produit le film,mais il en a confié le scénario et la réalisation au jeune Conor McPherson,dont on n'entendra plus parler par la suite."The actors" n'aura qu'une diffusion restreinte et ne rencontrera aucun succès.Il faut dire que si ça n'est pas franchement mauvais,c'est quand même loin d'être bon.L'idée de départ recelait un véritable potentiel mais son exploitation n'est pas à la hauteur.La mise en scène est molle,et même si par moment McPherson tente d'instiller du mouvement sa maladresse prouve que ce n'est pas son truc et qu'il est plus à l'aise dans le statisme.Quant au scénario,il ne décolle jamais et fonctionne sur courant alternatif.Certaines scènes sont drôles et barrées,principalement celles où Tom opère sous divers déguisements,mais la plupart du temps c'est laborieux et sous basse tension.L'ensemble est un peu bébête,un peu naïf,et les personnages sont généralement écrits sommairement.Pour ce qui est de la toile de fond,à savoir le côté documentaire représentant la vie difficile des comédiens de seconde zone,elle est sacrifiée au profit de l'intrigue comico-policière.Les références sont donc plus à chercher dans "Sénéchal le magnifique",vieux Fernandel de 57,que dans "Les grands ducs" de Patrice Leconte.Vu le contexte limité,la distribution est étonnamment brillante,réunissant quelques pointures du cinéma britannique.Le jeune Dylan Moran ne survivra pas à l'échec du film en dépit du talent qu'il déploie dans son numéro de Frégoli,et il a ensuite disparu de la circulation.Au rayon stars,il y a Michael Caine,toujours royal mais pénalisé par la dimension caricaturale de son personnage.Idem pour Lena Headey,stupéfiante de beauté et de cinégénie mais qui n'a pas grand-chose à défendre.Miranda Richardson apparait trop peu pour développer son rôle.Finalement,celui qui s'en sort le mieux est Michael Gambon,hilarant en truand repenti extraverti.Mention très bien à la petite Abigail Iversen,qu'on n'a pas revue non plus et qui est étonnante en gamine beaucoup plus mûre que son âge qui dirige les actions d'adultes immatures.Notons aussi la courte participation de la bombesque Alison Doody,la superbe Indy girl de "La dernière croisade".