Nous savons à peu près tous ce qui s'est passé le 14 juillet 1789 lorsque le peuple s'est emparé de la Bastille et c'est la toile de fond que choisit Benoit Jacquot pour cette adaptation. Mais ce n'est pas une leçon d'histoire que nous donne le réalisateur, l'histoire nous la connaissons déjà.
Jacquot nous emmène plutôt dans les coulisses des évènements, en plein Versailles où règne l'insouciance "nous sommes à Versailles, il ne peut rien nous arriver", jusqu'à ce que l'évènement survienne et entraîne la fuite de tous, en catimini, désespérément aussi et jalousement.
L'intrigue se porte dès le début sur le pâle et jeune visage de Sidonie, lectrice de la reine. Une Léa Seydoux envoûtante qui envahie la caméra, l'irradie de son timide sourire et de sa détermination. Une détermination à servir la reine plus que tout, au delà même de ses propres désirs. Pour la première fois, à mes yeux, Seydoux fascine vraiment, totalement imprégnée de son rôle, elle offre ses défauts habituels les transformant en qualités pour servir ce personnage dévoué et mystérieux.
Ce sont les coulisses du pouvoir et les caprices d'une reine (déjà connus par "Marie-Antoinette de Copolla) que nous donne à voir ce film au travers du regard de ses gens. La caméra s'infliltre donc en catimini (sans oublier ce plan séquence virtuose, la nuit du 15 juillet, dans les couloirs du palais où Sidonie, cours trébuche sans relâche comme pigée dans le chateau et dans son dévouement), à l'écart, comme les yeux de Sidonie qui se cache pour tout voir, tout entendre et comprendre à la dérobé.
La lectrice de la reine fait beaucoup mais finalement peu de lecture. Le film démontre que les préoccupations d'alors ne sont pas si différentes de celles d'aujourd'hui : sauver sa peau à tout prix. Les couleurs magnifiques et éclatantes de cette reconstitution offrent une esthétique intéressante aux plans de B.Jacquot.
La caméra se resserre de plus en plus sur Sidonie, le plus beau rôle de Seydoux, laissant apparaître son dévouement sans faille à la reine, au pouvoir en ces temps où il est "comme une maladie cachée sous un manteau d'hermine".
On fini par se poser cette question : est-il la peine d'aimer avec tant de ferveur jusqu'à perdre la notion du caprice ? Celui qui finalement nous fait redevenir personne afin de faire devenir réel ce vœu à demi-espéré et donné par facilité (et un peu de manipulation), celui de finir par être aimé(e) ...