"This, madame, is Versailles."
Bruissant. Tel pourrait-on décrire le dernier film né de Benoît Jacquot.
Peinture de vanité, Les adieux à la reine, est comme un bruissement subtil d'étoffes précieuses sur un parquet trop ciré, une pivoine voluptueuse qui se meurt dans un vase chinois, un fruit délicat qui pourrit lentement sous le soleil. Photographie et montage sonore savent à la perfection dévoiler Versailles comme un lieu décadent, clos et qui agonise sous la chaleur de Juillet. La lumière a beau être d'or et les sons évoquant le luxe le plus fastueux, il y a quelque chose de mort à l'intérieur. Le marais avoisinant envoie ses moustiques et ses odeurs nauséabondes et la révolte qui gronde à Paris, ses échos de fin d'un temps.
Un ballet féminin se tient sur la scène de ce théâtre maudit. La reine, éprise de Mme de Polignac, se sert de sa jeune liseuse comme d'une confidente, d'un espion ou d'une esclave pour combler ses désirs superficiels.
Léa Seydoux dans le rôle principal est terriblement juste, brillant d'un éclat terne qui sied à se personnage mystérieux de jeune fille surgit de nulle part, vouée à devenir personne. A ses côtés, Diane Kruger, Virginie Ledoyen, Noémie Lvovsky et Julie-Marie Parmentier complètent à merveille ce gynécée haut de gamme de pierreries et de damas.