Versailles, le naufrage...
- Versailles en perdition
C'est de loin la dimension la plus passionnante du film et celle que l'on retrouve aussi dans le livre éponyme. Un Versailles qui se dépeuple, un vent de panique, la rumeur d'une Révolution. Cet instant clé de l'histoire, cristallisé dans le faste et le luxe du palais. Les scènes les plus touchantes sont là : un couloir éclairé de nuit, un couloir sale, un trou à rat où s'amasse les aristocrates découvrant leur condamnation par le peuple, et cette pauvre Marie-Antoinette qui erre dans les couloirs du château sans trouver de valets.
Car c'est là un cliché que le film déboute (tout comme le livre). Versailles est une façade luxueuse mais en réalité, on y trouve des rats, des couloirs sombres et les nobles s'entassent dans de minuscules chambrettes pour être auprès du Roi.
Tout ce petit monde, bousculé par un évènement qui semble loin à l'époque. Tout une rivalité entre courtisants, prêts à tout pour les faveurs des monarques. Tout se sait. Versailles est un microcosme, fascinant, et qui vit ses dernières heures... La dramaturgie est renforcée par le véritable attachement des gens au roi et à la reine. À l'époque, il faut se figurer en effet le respect immense qu'a le peuple entier pour ces personnes, envoyées de Dieu. Et pour eux, il n'existe pas de monde sans eux. Tout est fini.
- Une rivalité féminine
L'histoire suit celle de la liseuse adjointe de la Reine. Une personne de peu de rang et qui pourtant va parvenir à tisser des liens étroits avec la Marie-Antoinette. On découvre alors les rivalités entres les différentes personnes préposées aux soins de la Reine. Un monde féminin, terrifiant, fait de coups bas. C'est l'appât du pouvoir et l'admiration naïve et bornée à la Reine. La Reine, qui semble pourtant dépassée. C'est là que le film pêche je trouve car il met trop en avant ses relations étranges et ambiguës avec les personnages au détriment de l'Histoire qui était un sujet passionnant. De plus, le film manque de rythme à certains moments. Et les actrices peuvent être agaçantes. Non pas qu'elles soient mauvaises mais elles se perdent dans le mélodrame et la psychologie alors que le spectacle de cette déchéance et de ce palais à l'abandon offrait à ces personnages l'occasion d'être de vrais héros raciniens, piégés dans leurs rêves et leur prison dorée.