Mélanie Laurent est une jolie femme, gatée, par la nature, par la vie. Jeune, elle est découverte du grand public pour son rôle dans Je vais bien, ne t'en fais pas, pour lequel elle remporte le césar du meilleur espoir. Depuis, on ne l'arrête plus. Elle enchaine les projets, s'exporte outre-Atlantique, chante, et maintenant réalise. Mélanie Laurent énerve. Elle énerve parce qu'elle est partout. Elle énerve parce qu'elle touche à tout. Elle énerve parce que, la chanson mise à part, elle excelle en tout. Même à la réalisation de son premier long-métrage.
Quand elle était petite, Lisa voulait être princesse, mais surtout championne. Championne de rien, championne de tout. Un peu comme Mélanie Laurent, qui ajoute avec ce premier film une nouvelle corde à son arc. Marine, c'est sa sœur adoptée. Millie c'est sa mère. Léo son fils. Alex, l'amant de sa sœur adoptée. Puis il y a Clémence, pas vraiment de la famille, mais plus qu'une simple amie. Une autre sœur adoptée de Marine peut-être.
6 personnages, 3 parties, 1 histoire articulent ces adoptés. Le film est scindé en 3 chapitres, s'intéressant aux points de vue croisés des 3 protagonistes. 3 chapitres pas nécessaires à l'histoire, déjà scindée en elle-même, mais qui permettent de dresser un portrait et une psychologie bien établis de chacun. En ressort 3 handicapés sentimentaux, mais qui se soignent, entourés les uns des autres. Co-scénariste de son film, la belle blonde s'affranchie du schéma narratif classique et introduit, non plus un, mais deux éléments perturbateurs à son récit.
Et elle prouve que les histoires, en plus de bien les jouer, elle sait les raconter. Avec humour. Parfois. Rarement. Avec sincérité. Avec amour. Avec une voix tremblante. Cette voix qui est au centre de tout. Celle qui s'efface de nos souvenirs, lorsque l'on aimerait l'entendre encore et toujours. Elle vient se poser sur les images, souvent en off, imprégnant nos esprits pour ne pas tomber dans cet oubli trop rapidement.
Une histoire qu'elle raconte dans ses lignes mais aussi dans ses plans. Réalisatrice débutante, elle maitrise déjà son cadre avec élégance et efficacité. Un cadre où le flou est très présent. Presque perturbant parfois, il guide notre regard, ne nous laisse entrevoir que ce qu'elle souhaite montrer, au moment voulu. Un plan sur un cardiogramme saura d'ailleurs l'appuyer. Un cadre où l'esthétique se mêle au fond. Une caméra qui ne s'oublie jamais, comme pour montrer qu'elle est bien là, preuve que Mélanie Laurent ne se livre pas mais qu'elle conte une histoire, qui n'est pas la sienne.
L'histoire de ces adoptés. Au pluriel, alors que seule Marine l'était au début. Ne comprenant pas alors ce titre qui n'apparaitra qu'à la fin, comme un message à ceux qui cherchent encore. C'est bien Marine qui a perdu ses parents, mais ce sont eux les adoptés. Eux qui l'entourent. Ceux qui dans son sommeil se retrouvent orphelins, et s'adoptent les uns les autres, s'acceptent dans leur peine.
Si Mélanie Laurent énerve, c'est parce qu'elle est douée. Naturelle, elle signe une œuvre personnelle, soignée. Les adoptés se révèle finalement très humain, avec ses qualités, ses défauts, un léger penchant pour les drames, et beaucoup d'amour. Une bonne surprise.