Au regard du cinéma d'aujourd'hui, les vieux westerns des années 50 semblent quelque peu désuets avec des scènes d'actions mal ficelées, des raccords approximatifs et de magnifiques horizons en carton pâte. Malgré tout, rares sont les westerns contemporains qui réussissent à arriver aux chevilles d'un film comme celui-ci.
Les Affameurs met en scène James Stewart, l'un des acteurs emblématiques du réalisateur dans le rôle de Glyn McLyntock, un homme secret qui a visiblement un passé à faire oublier et est tout prêt à venir en aide à la veuve et à l'orphelin. A défaut de l'un et de l'autre, il sauve de la pendaison un aventurier qui lui ressemble, Cole, et tous deux vont servir d'escorte à de braves pionniers en route pour les terres hospitalières de l’Oregon.
Mais la route du convoi n'est pas une balade de santé et les voilà confrontés à toutes sortes de dangers qui seront autant d'occasion de mettre en évidence le courage des deux hommes.
Ainsi, le film d'Anthony Mann est il d'abord un film d'aventures à péripéties composant avec les ingrédients traditionnels du western classique : attaques d'Indiens, scènes de saloon, feux de camp bavards et duels en tous genres... Mais c'est aussi un film à personnages. Notamment tous ces personnages secondaires que le cinéma hollywoodien de cette époque savait si bien inventer. Il y a bien sûr les bons : le vieux Jérémy, la jeune fille courtisée par des prétendants, le sympathique capitaine du bateau à roue ou encore son aide de bord joué par le très étonnant Stepin Fetchit cet acteur noir à la voix si originale.
Et puis il y a les mauvais, les "pommes pourries" comme les appelle l'ancien du convoi. Et le film n'est pas avare en la matière : des Indiens Shoshones (brièvement), des trappeurs mal lunés, des joueurs de poker peu fréquentables, des boss peu scrupuleux, des chercheurs d'or affamés et surtout ce personnage ambivalent qu'est Emmerson Cole, double de Glyn, longtemps dans le camp des bons avant que sa vraie nature, chassée pour un temps, ne revienne au galop.
L'opposition entre les deux hommes, l'adversité à laquelle Glyn doit faire face, sa ténacité à accomplir la mission qu'il s'est donnée font des Affameurs bien davantage qu'un film d'aventures, mais comme la plupart des grands westerns, un beau film sur la condition des hommes, sur leur courage ou leur lâcheté, sur leur destin, celui auquel ils peuvent ou non réussir à échapper.


Personnages/interprétation : 8/10
Scénario/histoire : 7/10
Réalisation/mise en scène : 8/10


7.5/10

Theloma
8
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le 3 juil. 2017

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Theloma

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