En cette période trouble et prospère de ruée vers l'or, les Hommes peuvent changer, le passé peut resurgir et les confiances se perdent, doucement mais surement ...
Avec Les Affameurs, Anthony Mann s'offre des retrouvailles avec James Stewart, Rock Hudson et le Western, deux années après le remarquable Winchester 73, et propose une aventure passionnante et intrigante autour de la colonisation de nouveaux territoires. Il s'appuie ainsi sur un script bien ficelé et rempli de bonnes idées, où il va faire évoluer les différentes oppositions et associations pour mieux maintenir le suspense et créer un climat prenant où la suspicion est omniprésente.
Il trouve régulièrement la bonne alchimie pour mêler cette conquête de l'Ouest avec de l'action pur, un peu de sentimentalisme ou même quelques passages plus légers qui fonctionnent très bien. Cette ballade teintée de classicisme se fait avec des personnages ambigus, l'auteur évitant de créer une figure héroïque et mettant tous les hommes au même niveau. L'oeuvre est de plus en plus haletante, jusqu'à une dernière partie tout particulièrement mémorable, avec une traversée de rivière prenant plusieurs sens, que ce soit dans la survie ou la morale.
En plus de cela, Anthony Mann parvient à nous faire ressentir, avec une certaine mélancolie, un monde qui change et évolue, où l'humain découvre de nouveaux territoires et enjeux. Accompagnée d'une bande originale nostalgique, l'oeuvre bénéficie d'un rythme soigné, de magnifiques décors naturels, d'un charme d'antan ou encore de formidables comédiens, James Stewart en tête, mais aussi Arthur Kennedy ou Rock Hudson.
En signant Les Affameurs, Anthony Mann propose un western trouble, mélancolique, humain ou encore étoffé, sachant mettre en avant la nature humaine et ses désirs d’expansion et de richesse, qu'importe le prix, et offre quelques séquences magnifiques ou spectaculaires.