C'est l'un des 5 westerns dirigés par Anthony Mann dont James Stewart fut la vedette, et c'est probablement ce que le genre a donné de plus parfait et de plus pur. Comme John Ford, Mann apporta une contribution décisive au mythe de l'Ouest dans les années 50. Avec ce film, il s'attache tout autant à ses personnages qu'à la nature qui les entoure, les hommes y sont soumis à des passions brutales (rage, haine, vengeance) en évoluant dans des paysages somptueux que le réalisateur filme avec une ampleur qui rappelle John Ford.
Le format Cinémascope ne le dérange pas, car il filme le vieil Ouest de façon directe, en prenant une montagne ou une plaine et en sachant où placer la caméra au meilleur endroit pour montrer cette montagne ou cette plaine comme personne n'avait su le montrer avant lui, de même que nul mieux que lui sait faire traverser un paysage par un cavalier, l'écran large lui sert à faire vibrer l'espace autour de ce cavalier. C'est pourquoi les westerns de cette période 1951-1955 demeurent les plus significatifs de l'apport d'Anthony Mann, leur supériorité ne s'exerce qu'au profit de l'image.
Les péripéties sont nombreuses, les scènes d'action parfaitement dirigées, le personnage de Julie Adams est magnifique, la traîtrise rageuse d'Arthur Kennedy et la violence contenue de James Stewart complètent le tableau pour un western d'une perfection exemplaire.