Un peu d'or dans les épinards
Une jolie aventure peuplée d’indiens pas très sympas, de cowboys peu vertueux en quête de rédemption et de gens honnêtes, robustes travailleurs prêts à tous les sacrifices pour créer la communauté de leurs rêves. En obstacle à leur quête du bonheur parfait, une ruée vers l’or qui fait miroiter gloire et richesse aux truands de passages, bien souvent des gâchettes faciles pas très fortiches en principes.
Sur cette toile de fond assez convenue se greffe le destin d’un homme droit dans ses bottes, qui souhaite se racheter d’une vie antérieure faite de rapine. James Stewart est excellent, à l’aise dans ses chaussettes, habile de la winchester et doué pour changer de casquette. Il navigue ainsi avec aisance entre divers attitudes : doute, volonté de s’intégrer et punch de tous les diables.
Son changement de vie est servi par un Anthony Mann exploitant au mieux les grands espaces naturels à sa disposition. Le cinéaste parvient à insuffler une belle dynamique à son histoire, moyennant quelques twists intéressants et des personnages secondaires qui ne se contentent pas d’être accessoires. Et pour couronner le tout, chez Mann l’aventure, c’est la grande aventure, aucun temps mort n’est au programme, chaque enchaînement de séquence implique un changement de rythme, de quoi engouffrer les 90 minutes du film sans ronfler une seule seconde.
En bref, les affameurs est une belle péloche, assaillie par le charisme solaire de Stewart et animée par les belles idées d’un Anthony Mann très solide. Il faut juste être friand des histoires d’aventures qui finissent dans le miel pour y trouver pleinement son compte. J’avoue avoir eu un peu de mal avec le traitement du badguy —qui manque ambiguïté— d’une part et d’autre part avec l’humanisme un brin exagéré qui dicte le repas de ses affameurs en quête d’un peu de pain. La marque d’une époque, je le sais bien, mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Le voyage fut agréable mais je préfère le Mann de Men In War, un peu plus angulaire.