Le problème c'est toujours le cadre
Avec Les Affiches en Goguette, Méliès propose un court-métrage de 3 minutes qui nous ramène dans son univers féérique. Georges Méliès imagine un colleur qui met une nouvelle affiche. Des gendarmes passent devant les différentes affiches. Une fois qu'il n'y a plus personne devant, les affiches s'animent et les nouveaux venus parlent avec les anciens. Les affiches deviennent vivantes. Puis, les gendarmes repassent et les affiches se calment, redeviennent normales. Avant de se réanimer et d'attaquer les gardiens de la paix. Ceux-ci sont recouvert de gâteaux à leur grand désespoirs puis les affiches leurs tombent dessus. Des gens se moquent alors d'eux et ils tentent de passer au-dessus d'une barrière, l'un est coincé. Les affiches se relèvent et tous les comédiens passent devant en dansant.
On retrouve une ambiance burlesque, très proche des spectacles de l'époque. Ce besoin d'une petite danse notamment. Les pitreries des gendarmes sont du même acabit, bien que Méliès y ajoute une petite haine personnelle contre l'autorité (d'où le graffiti "mort aux flics").
Malgré le démarrage un peu long, on rentre directement dans le film et on se laisse porter par le rêve lorsque les affiches s'animent. Ca nous prend aux tripes, ça nous surprend, ça nous fait battre notre cœur. Ca y est : la magie Méliès est à l’œuvre. Georges, le grand conteur est de retour. L'effet spécial nécessaire à animer les affiches en même temps (arrêt de caméra, superposition d'image, décors bien construit) rend cela féérique. Certes, ce n'est pas, en terme technique, le travail le plus remarquable, mais c'est vraiment beau, vraiment touchant.
Pourquoi une note si moyenne me demanderez-vous alors ?
Et bien tout simplement parce que la moitié du film est inutile, totalement gratuite. Le passage burlesque avec les gendarmes nous fait sortir de ce rêve. De ce fait, impossible de sourire. C'est comme si on vous réveiller pour vous dire une blague. Même si elle était drôle, ça ne pardonne pas le brusque retour à la réalité. Le final dansant, bien que d'époque, est plus que superflu également.
Et la longueur du film (2min55) n'aide pas, il aurait pu être bien plus court (1min20 aurait suffit).
Méliès prouve donc qu'il est encore et toujours un magicien, mais qu'avec le temps, son dosage n'est vraiment pas parfait.