Les Affluents est un film avec en toile de fond un Cambodge en pleine mutation, où la modernité symbolisé par les grands immeubles immaculés à l'architecture contemporaine, se manifeste au détour des rues de Phnom Penh.
Là où le cinéma Jia Zhangke montre la transformation violente d'un pays asiatique, et s'attarde sur les comportements, immoraux ou délinquants, qu'elle entraîne, le film de Jessé Miceli se concentre sur des individus dont la bonté ou l'innocence sont des caractères définissant.
Le film suit l'évolution de trois personnages: un jeune homme de 20 ans qui par opportunité travaille dans un bar gay pour expatriés, un taxidriver de la gig economy marié et toujours sympathique avec ses clients fortunés et Songsa, un jeune garçon qui quitte sa campagne pour aller vendre des vêtements dans la capitale à bord d'un tuk tuk.
Les Affluents se détache immédiatement de tout aspect documentaire pour présenter des scènes intéressantes alternant entre les différents personnages. Chaque séquence fait progresser leur situation, et introduit par avance la suite du film. Un moto mentionnée dans les toilettes d'un bar, sera déjà achetée par un protagoniste dans la scène qui suit.
Le film de Jessé Miceli peut au début apparaître comme sobre, voir naturaliste. Pourtant l'œuvre est parsemé de grands moments de cinéma, avec des instants mémorables aidés par des images de la vie nocturne magnifiques, accompagnées de musique pop cambodgienne. Les lieux de culture alternative, bars gays ou branchés, concert de métal etc... permettent au film de se sublimer et de devenir bien plus qu'un mini-trip exotic en montrant ces scènes universellement belles.
C'est sans doute le fait que ces séquences détonnent parfois un peu trop avec le reste du film moins "ambitieux", qui donne un sentiment d'inégalité au long métrage.
Les Affluents est cependant un excellent premier film, une petite pépite que je vous invite chaleureusement à aller découvrir en salle !