Un serveur dans un club gay, un vendeur de vêtements en tuk-tuk, un chauffeur de taxi : trois jeunes garçons qui survivent tant bien que mal dans Phnom Penh tout en rêvant plus grand pour leur avenir. Après White Building, Les Affluents nous transportent à nouveau dans la capitale cambodgienne en pleine mutation où des rues misérables débouchent sur de grandes places illuminées par des écrans géants. Le premier film de Jessé Miceli, Français et tombé amoureux du Cambodge, mène parallèlement trois intrigues qui se rejoindront, ou pas. Une façon intelligente d'illustrer le chaos d'une ville, ses touristes, ses lieux branchés, ses motos vrombissantes mais aussi la précarité de la vie quotidienne pour ses habitants. Étonnamment, grâce à une mise en scène fluide, Les Affluents est une œuvre plutôt douce d'aspect, limitant la violence à quelques plans. S'il y a des trous dans le récit ou des absences d'explications, c'est assurément volontaire et ils n'entravent en rien le cours tranquille d'un film qui choisit de montrer plutôt que de démontrer. Avec une sorte de sens de la poésie urbaine et en sous-texte la perte d'identité commune à beaucoup de villes qui ont rejoint la course folle de la mondialisation. Dans un pays qui a vécu de longues et atroces années de guerre civile, cette transformation radicale est-elle une bonne nouvelle ? A cela, le film n'a pas l'ambition d'y répondre mais il a le grand mérite de faire réfléchir à la question.