On assiste à l'ascension d'un mafieux depuis son enfance en tant que larbin au statut de membre important du milieu qui n'a plus assez de temps pour dépenser l'argent qu'il engrange. L'ambiance qui règne est très violente, une balle peut être tirée en une seconde sans qu'on comprenne vraiment d'où elle vient. Les activités "normales" des gangster impliquent évidemment la violence mais les différentes trahisons qui ont lieu participent également à cette ambiance quelque peu morbide. On peut critiquer cet aspect mais il faut garder à l'esprit que The Goodfellas est un film de gangster et pas un documentaire sur la cornemuse.
En parallèle de cette violence, la vie des Goodfellas ressemble à la vie de Monsieur tout le monde, sauf qu'aucun étranger du milieu n'est toléré: enfants, repas en famille, amis, difficultés sentimentales etc. Cette vie normale et la vie de violence ne sont pas totalement séparées, car la famille de Henry est inévitablement impliquée dans ses aléas professionnels. C'est bien cette normalité banale qui m'a le plus frappé dans le film, car elle contraste réellement avec l'image uniquement extrême qu'on peut se faire de la vie des mafieux, incarnée à la perfection par ce petit fada de Tommy De Vito qu'il vaut mieux ne pas titiller.
Le scénario met du temps à s'installer, comme pour illustrer la difficulté et les efforts nécessaires à Henry pour gravir les échelons dans l'organisation criminelle locale et devenir un vrai gangster enfin affranchi des lois et plein aux as, son rêve depuis toujours. Après quelques trahisons envers son patron, Henry se verra contraint de balancer ses collègues et par la même occasion devra abandonner son train de vie.
La collection de personnages est bien approfondie et en dehors d'Henry Hill, personnage principal, tout les seconds rôles sont approfondis à peu près équitablement. De Niro en fait parti, et fait très bien le boulot malgré une interprétation un peu en berne. Scorsese s'amuse à incorporer quelques artifices avec des arrêts sur image, la voix off, la forte présence d'hémoglobine (qui aura inévitablement inspiré Tarantino) mais nous offre des moments vraiment géniaux comme ce plan séquence de présentation des membres de la bande.
The Goodfellas jouit d'un casting de premier choix et d'une mise en scène irréprochable servant un très bon scénario ne faisant nullement des gangsters des exemples à suivre.