Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours voulu être un gangster
Je dois vous faire une confession. Je n'avais jamais vu Les Affranchis.
Il y a des films comme ça, classiques, cultes, qu'on se dit qu'il faut voir un jour. On rate les diffusions télés, on s'achète le DVD et on le met dans un coin. Et finalement le temps passe. Pour moi, le temps a passé jusqu'à la Cinémathèque décide de le projeter sur grand écran un samedi de février 2010 dans le cadre d'une rétrospective consacrée à Michael Ballhaus, directeur de la photo sur le film.
Les Affranchis, c'est avant tout une histoire magnifiquement contée. Pendant une heure entière, Martin Scorsese prendra le temps de nous expliquer l'univers de la mafia américaine, doucement mais surement, grâce à d'excellents personnages et la voix off du héros. Une heure qui se boira comme du petit lait. Ensuite viendra l'intrigue, déjà entamée au cours de l'historique puisque Henry Hill aura fait ses classes. Mais on avancera d'avantage notamment lorsqu'il sortira du chemin tracé par Paulie pour se plonger maladroitement dans le trafic de drogue
Les Affranchis, c'était aussi des choix de réalisateurs absolument parfaits. Mise en scène au point, lumières, tout y est ! Sans oublier un plan séquence audacieux où les différents protagonistes se présenteront à la caméra et un autre plus court encore où Henry Hill s'adressera directement aux spectateurs face caméra.
Les Affranchis, c'est aussi un casting d'enfer : Robert de Niro qui ira encontrer le vrai Jimmy Burke pour s'en inspirer jusqu'à la manière de tenir la cigarette mais aussi Joe Pesci et surtout l'excellentissime Ray Liotta dont c'est le premier grand rôle. C'est aussi une musique d'enfer, sûrement liée aux goûts de Scorsese : les Rolling Stones avec Gimmer Shelter ou encore The Crystals avec Then He Kissed Me (chanson reprise au féminn par Bruce Springsteen).
Finalement, est-ce que les Affranchis n'est pas le film de gangster parfait ? Meilleur que L'Ennemi Public (avec James Cagney, 1931), moins vieillisant que Scarface (le film de De Palma sorti en 83 mais aussi l'original de 1932), moins pompeux que la trilogie du Parrain, moins bang bang que Heat ?