Fils d’un père irlandais et d’une mère sicilienne, Henry Hill monte rapidement les échelons au sein de la mafia de son quartier. Goodfellas raconte ainsi la vie (et surtout le mode de vie) d’un gangster américain dans les années 1960’.
On comprend aisément les motivations de Martin Scorsese à réaliser ce film lorsqu’on s’intéresse rapidement à ses origines. Ce dernier a en effet vécu une grande partie de son enfance dans le quartier de Little Italy à New York et a pu observer par lui-même l’influence de ces gangs.
La très bonne connaissance du réalisateur du milieu mafieux transparaît à l’écran puisque Goodfellas frappe par son réalisme à tel point que le film s’approche par moment du documentaire (Henry Hill a d’ailleurs véritablement existé).
Le scénario est très clair et aucun détail n’est laissé au hasard. Si cette lisibilité présente l’avantage de ne pas s’ennuyer (tout en ne faisant aucun effort en regardant le film), cela délaisse toutefois le développement des thèmes évoqués seulement en surface (la famille, la croyance et la violence).
De même, si la mise en scène soignée doit être soulignée, il convient également de noter que la photographie n’est pas particulièrement marquante ni attirante. Dans ce sens, afin de démontrer que les mafieux ne sont pas du tout raffinés ni distingués, aussi bien les décors que les vêtements portés par les gangsters et leurs femmes sont tout à fait hideux. La laideur de ces détails sert le film dans sa démonstration mais le dessert bien plus encore au niveau esthétique.
La prestation de Joe Pesci en sanguin imprévisible retient l’attention tout comme celle de Ray Liotta dans une moindre mesure. A l’inverse, la qualité de jeu de Robert De Niro (mieux dirigé dans Raging Bull et Taxi Driver du même réalisateur et bien meilleur mafieux dans Le Parrain de Francis Ford Coppola) n’est pas pleinement exploitée.
C’est ici la plus grande faiblesse de ce Goodfellas : la comparaison avec la trilogie de Coppola. En effet, en abandonnant tout romantisme et en décidant de contrôler à la perfection son œuvre, Martin Scorsese ne parvient pas à dépasser le stade du bon biopic (alors que Raging Bull sorti dix ans plus tôt l’avait parfaitement réussi). On suit donc pendant plus de deux heures sans déplaisir mais avec plus ou moins d’intérêt la vie de ce personnage pas particulièrement futé ni sympathique.
Enfin, si certaines scènes et répliques nous restent en tête quelques temps après avoir vu le film (la première distribution de billets par Henry Hill dans le cabaret en compagnie de sa femme, les engueulades de James Conway lors de la fête après le casse de la Lufthansa ou encore la scène entre Tommy DeVito et le jeune serveur), l’omniprésence de la voix-off vient souvent gâcher l’attente du spectateur tout en affaiblissant la qualité du jeu des acteurs (ce défaut apparaît clairement lorsque Henry Hill indique en voix-off qu’il trouve James Conway nerveux puis dans l’instant qui suit Robert De Niro apparaît bourré de tics et gesticulant maladroitement…).